vendredi 25 juillet 2008

Vibrer

J'entre au local de Samajam mercredi soir avec un certain enthousiasme...Dans quelques minutes, je vais rencontrer mon groupe avec lequel je vivrai des moments forts durant les quatre-vingts dix prochains tours de trotteuse. Chaque fois, le moment qui précède le cours est toujours spécial. Toujours comme un petit rituel où je prends plaisir à placer mes instruments, tout en focusant sur ce qu'il faudra communiquer en musique.

Sauf que ce soir, tout sera différent. Tout sera plus intense. Tout sera plus senti. Tout sera plus vif. Tout sera plus vrai. Et tout sera plus enrichissant. Mais, tout cela, je ne vais que le constater après coup, car pour l'instant, tout ce que je sais, c'est qu'un groupe d'une dizaine d'ados sont sur le point de découvrir le tambour et ses bienfaits.

Ils entrent timidement dans le local, en file indienne. J'ai à peine le temps de retourner la tête qu'un bonhomme vient s'introduire à moi avec un grand sourire: « Salut, je m'appelle Shadé ». Je lui rends son sourire, puis j'accueille le reste du groupe. Tout de suite, je sens leur bonne humeur, leur joie d'être ici. Ils sont issus du même groupe d'âge ou à peu près, et ils sont pour la plupart silencieux, attentifs à ce qui se passe autour d'eux. Je les fais asseoir en demi-lune, déposant tambours et tapis de sol devant eux.

Puis, je m'installe derrière mes duns, après avoir fait une petite réunion de dernière minute avec mes comparses Éric et Marie-Ève. Nous sommes si heureux d'être là. Lentement, Éric s'introduit au groupe, leur souhaitant la bienvenue, tout en s'assurant que chacun soit à l'aise. Dans le plus grand silence, nous introduisons nos apprentis au kuku. Et spontanément, tous posent leurs mains sur la peau du djembé, afin d'en ressentir les vibrations. Certains ferment les yeux, un sourire prenant forme sur leur visage, alors que d'autres ont les sourcils froncés, le regard fixés sur nos mains et, dans mon cas, sur mes bâtons de duns qui battent la mesure. Jamais je n'ai vu un groupe aussi attentif, aussi connecté à ce que nous jouons.

Ces cinq premières minutes étant écoulées, le rythme prend fin et tous les regards reviennent se poser sur nous, l'hypnose momentanée s'étant évaporée. Éric demande à chacun de témoigner sur ce qu'il vient de ressentir. Chacun a une façon bien à lui de s'exprimer, certains ayant ressenti les vibrations, d'autres ayant perçu les différences entre les textures du rythme. C'est donc bon signe pour avancer, pour continuer à cheminer.

La prochaine étape consiste à faire jouer tout ce beau monde ensemble. Pas une mince tâche car tous sont enthousiastes et fébriles, ce qui se traduit par une tendance automatique à vouloir tapoter de leur instrument. Mais, suffit d'un seul geste de la responsable et tout le monde retrouve leur calme et leur concentration, obéissant aux doigts et à l'oeil de leur supérieure. Les prochaines minutes s'écoulent sans que personne n'ait conscience du temps qui passe, les frappes sur le tambour nous transportant tous dans un monde où les horloges n'existent pas.

Graduellement, petit à petit, la cacophonie du départ se métamorphose en une synchronie où les sons sont enchaînés, où la tendance à ne former qu'un seul et même groupe jouant à l'unisson s'installe et se manifeste de façon claire. En utilisant le tableau et en formant des symboles caractéristiques, on en arrive à leur inculquer le sens du rythme à la perfection. Dans leur pieds, dans leurs mains, et surtout, dans leur visage, il y a quelque chose de beau et d'unique qui se crée. Ce quelque chose est bien spécial, et c'est la première fois que je le perçois de manière aussi tangible.

Comme toute bonne chose a une fin, le cours se termine par une apothéose de bonne humeur. La responsable vient à notre rencontre et les yeux embués, elle nous remercie chaleureusement du moment magique que nous avons vécu. Je dois dire que pour moi aussi, je suis extrêmement touché par son témoignage, car ce groupe de jeunes ados vient d'accomplir un pas de géant. Ils ont vibrer, en ressantant la résonance du tambour lorsqu'ils ont touché la peau de leur instrument. Cette image va rester longtemps gravée dans ma mémoire.

Et c'est en les reconduisant à leur autobus que le sentiment d'accomplissement m'a submergé. En ne disant pas un mot et en dressant mon pouce, mon index et mon majeur pour former le signe «I love you» contre mon coeur, la dizaine de jeunes sourds qui, l'instant de quatre vingt dix minutes, ont prouvé avec brio qu'ils pouvaient réussir à passer par-dessus leur handicap, m'ont répondu avec l'étincelle dans les yeux et le sourire au visage...J'en vibre encore...

lundi 14 juillet 2008

Mon blogue sur CISM!

Je me réveille aujourd'hui et, dès que je sors du lit, je constate que j'ai deux messages vocaux. Je m'empresse de les écouter et quelle n'est pas ma surprise d'apprendre qu'on parle de mon blogue sur CISM, la radio de l'Université de Montréal! Une chronique entièrement consacrée à Martin le djembéfola.com! Merci à l'équipe de La queue de la poire pour avoir pris le temps de venir par ici! Voici l'extrait audio de la chronique! On y parle également du site de Mathieu Charrois.

Merci à Marie-Eve pour m'avoir mis au courant!!

La puissance du bleu et du blanc

Mardi soir, 24 juin, à la clôture du grand spectacle de la Saint-Jean au parc Maisonneuve, j'ai eu la chance de vivre un véritable raz-de-marée d'adrénaline en marchant sur les planches de la grande scène, aux côtés d'une pléiade d'artistes et de musiciens parmi les plus grands au Québec, pour célébrer notre fête devant 200 000 personnes. Une incroyable émotion que je vais tenter de vous décrire dans les lignes qui suivent, autant m'est-il possible d'arriver à mettre en mots ce qui est presque trop surréaliste pour y arriver.

C'est par une journée contenant du soleil et de gros nuages mouillés que j'arrive à l'école pour le grand rassemblement. Une grande fébrilité est palpable tout autour...La météo est cependant assez capricieuse, un gros nuage gris déversant son averse sur nous sans trop se soucier du fait que l'esprit est à la fête. Mais, très vite, l'averse se dissipe dès que nous entamons un grand jam de tambours dans le local, si bien que c'est sous un soleil radieux que nous marchons tous en direction du parc Maisonneuve pour la grande répétition.
Arrivés à notre tente deux fois trop petite pour la quantité de gens que nous sommes, nous prenons le temps de profiter de l'arrivée de la grande parade de la Saint-Jean qui passe non loin de là. Puis, je vais scruter pour la première fois l'immense scène qui, dans quelques heures maintenant à peine, vibrera au son de la musique québécoise. Mais en ce moment, c'est la générale qui se déroule, et des dizaines de techniciens s'affairent à régler au quart de tour une machine qui doit être huilée avant 21h ce soir.

Le temps file et l'appel est lancé pour notre répétition. La metteure en scène du spectacle vient nous saluer et donne ses directives. Et c'est ensuite le branle-bas de combat pour retrouver nos instruments, les installer, et reprendre le numéro du début. Puis, les régisseures viennent nous chercher, et c'est subdivisé en quatre groupes que nous marchons vers l'arrière-scène, où j'entends Normand Brathwaite et les musiciens répéter les divers numéros du spectacle.

Normalement, la répétition s'effectue sans public, mais cette fois-ci, la générale est somme toute assez concluante puisque déjà, plusieurs centaines de personnes munies de leur fleurdelisé sont massées le long des clôtures. Je suis situé côté cour de la scène au pied de la rampe localisée au devant. Devant moi se trouve une structure très imposante où des dizaines de techniciens de sons, caméramans et musiciens sont présents. Normand est en train de discuter avec la régisseure du plateau, Diane, de l'émission «Tout le monde en parle». Je suis toujours fasciné par cette personne-clé qu'est le régisseur. D'un calme olympien et d'une rigueur sans faille, elle arrive à décortiquer chaque numéro, à tout observer, à chronométrer chaque numéro et à relayer toute l'information requise au réalisateur pour la télé. Du très grand art.

Après avoir été aux premières loges pour la répétition du numéro de la "Bitte à Tibi" avec Raoul Duguay, il y a une petite pause le temps de faire les tests de sons avec les djembés des solistes et la kora de Zal Idrissa Sissoko. Puis, Luc lance «dans le tapis» l'enregistrement effectué quelques jours auparavant à l'école. C'est vraiment super impressionnant d'entendre le son de nos tambours dans des colonnes de son de plusieurs centaines de milliers de watt...La régisseure lance ensuite le décompte, et la metteure en scène nous fait rapidement signe de nous mettre en place. Je sens une légère tension au sein de cette grande équipe, car ils sont en retard sur l'horaire. Mais, dès que la musique part, et que Musa entre sur scène pour chanter, j'oublie tout cela aussitôt, car la puissance et la beauté de la musique est telle que je suis vraiment sidéré par l'effet.

Je dois vite sortir de ma rêverie, puisque c'est au signal du deuxième refrain que nous entrons sur la grande scène. Dès que je mets les pieds sur la plate-forme, je sens déjà mon coeur battre à tout rompre. Le parterre est certes clairsemé, mais c'est déjà hyper impressionnant. Le parc est immense et je n'en vois même pas le bout. J'en perds même la mise en scène, et je me fais vite reprendre par la metteure en scène qui me crie de m'aligner vers le chanteur, en diagonale...Malgré tout, la musique "live" sonne bien, même si les premières notes sonnent un peu trop rapidement avec la piste enregistrée. C'est au niveau du pas visuel que le tout cloche un peu, si bien qu'il faudra songer à éliminer ou simplifier la chose.

Nous ressortons de scène et personnellement, je trouve que nous avons livré la marchandise puisque lors de certaines expériences de spectacle, je peux vous dire que ça faisait pitié les répétitions...Le reste de l'après-midi nous réserve une panoplie de conditions météo, à commencer par une très intense averse qui mouille tout le site pendant une bonne demi-heure, nous obligeant à nous corder comme des sardines dans une tente de trente personnes alors que nous en sommes le double. Par contre, dès que le soleil revient, je vais admirer le site à partir de la section VIP située non loin de la scène, et je profite du moment privilégié que j'ai avec mes amis pour savourer une bonne bière.

Le temps file, les spectateurs s'amoncellent autour du site, et bientôt, le vert du parc Maisonneuve disparaît au profit d'un manteau de bleu et de blanc qui vibre au son de la musique de Caféine et de Loco Locass. Le temps est splendide pour le début du spectacle et comme à chaque fois, je ressens une intense sensation de bien-être. Le site se transforme peu à peu, et lorsque je vais me diriger vers la cantine pour aller manger, les rayons de soleil font ressortir le bleu et le blanc des drapeaux, créant ainsi un spectacle grandiose et annonciateur d'une soirée incroyable.

Le spectacle débute enfin tandis que nous sommes attroupés en cercle avec nos tambours, nous adonnant à un jam improvisé avec nul autre que Michel Séguin père, qui passait par hasard, son oreille automatiquement attirée par les sons des djembés. Un bien beau moment passé en sa compagnie, où les minutes s'égrènent dans le temps de le dire, et je réussi presqu'à oublier où je suis, et surtout, que dans quelques minutes, je serai au-devant de la plus grande scène de la province au grand complet...Comme quoi tout est relatif...

Le grand moment arrive enfin! Je rejoins mon groupe, et je sens une vague d'émotion m'envahir. Ce que je m'apprête à vivre dans quelques minutes va lancer en (très) grande pompe mon été. J'entends de l'autre côté des écrans géants la foule qui crie, qui vibre, véritable manifestation de joie et de vie en cette grande fête du Québec. Les trois groupes se séparent derrière la scène et je me retrouve avec mon partenaire de travail, Éric, tout juste sur le côté de l'immense structure d'acier du côté cour de la scène. En file indienne, nous nous plaçons au pied de la rampe qui mène sur scène, là où plus de deux cent milles paires d'yeux sont focusés.

Devant moi, il y a Normand Brathwaite et Raoul Duguay, véritable icône de la musique québécoise, qui chante son hymne célèbre, La Bitte à Tibi, scandée par l'imposante foule qui hurle "la Liberté". C'est immensément puissant comme moment, car il faut mentionner que je ne suis qu'à quelques mètres de la tour d'haut-parleurs. Autour de moi grouillent de toute part des caméramans et leur technicien, et je dois faire attention où je dois mettre les pieds. Après avoir fait lever la foule une dernière fois, Raoul Duguay salue et retourne en coulisse pendant que Normand se dirige sur une plate-forme pour introduire le numéro clé de la soirée, le clou du spectacle.

Lorsque les premières notes de la pièce sortent des tours de son, et que Musa, vêtu de son boubou, et accompagné par Zal Sissoko et sa kora, se met à chanter "Le Québec est mon pays", je suis submergé par une vague d'émotion qui est partagé par tout le monde autour de moi. C'est absolument grandiose. Le ciel est clairsemé d'étoiles, la mer de drapeaux s'agite, la foule est vibrante d'une énergie qui n'a pas son semblable. Et en jetant un oeil sur la metteure en scène de ce grand spectacle qui est juste à côté de moi, je constate que pour la première fois, elle peut délaisser son chapeau de metteure en scène pour vivre ce grand moment. Elle nous fait ensuite signe et, peu à peu, je me surprends à monter la rampe, un pas à la fois, en sentant à chaque contact sur le sol l'adrénaline qui envahit mon coeur et mes veines.

Sans trop comprendre ce qui est en train de m'arriver, je me retrouve tout juste derrière Musa et Zal, et je reconnais aussi Mélissa et son djembé qui est venue les rejoindre. C'est complètement surréaliste de me trouver sur la même scène qu'elle, et pas la moindre en plus. J'aperçois mes ami(e)s qui sortent des coulisses et qui, comme moi, ont un sourire béat dans le visage. Puis, je me retourne pour constater ce qui se trouve devant moi. Un flou total se trouve devant mes yeux, un énorme projecteur m'aveuglant. Je ne vois à peine que quelques drapeaux s'agiter devant moi, mais je sens l'énergie incroyable de cette époustouflante masse humaine pénétrer jusque dans la moëlle de mon squelette. Jamais je n'ai vécu un moment aussi intense de toute ma vie.

Dans un geste quasi automatique, je me mets à jouer du timbaù, exactement comme lorsque j'étais dans le local de pratique avec du ruban gommé qui imitait les contours de la scène. Sauf que là, c'est plus vrai que nature. Au refrain de la chanson, je me retourne pour constater que tous les artistes du spectacle, les Zachary Richard, Alfa Rococo, France d'Amour, Loco Locass, Xavier Caféine, et l'orchestre de Belle et Bum, chante "le Québec est mon pays". Avec ce vent sonore en poupe, l'effet est électrisant, et le moment se termine en apothéose à la fin de la chanson.

Je redescends la rampe en scrutant une dernière fois devant moi pour m'imprégner au maximum de cette énergie incroyable. Puis, de retour en coulisse, c'est la cohue générale. Tout le monde est littéralement sonné par ce qu'il vient de vivre. Nous sommes extrêmement choyés de pouvoir vivre de tels moments de musique. Et plus de trois semaines plus tard, je n'en reviens pas encore d'avoir eu l'impression, l'instant de quelques secondes, d'avoir le Québec à mes pieds.

Je termine ce témoignage avec le vidéo tel que diffusé ce soir-là à Radio-Canada. Bon visionnement!

mardi 1 juillet 2008

Shows devant!

L'été est là, les vacances approchent, et c'est synonyme de spectacles en vue pour moi! Après la Saint-Jean, je serai sur scène cette semaine dans deux festivals parmi les plus populaires au Québec!

Tout d'abord, demain, mercredi 2 juillet, à 18h, je serai au Festival International de Jazz de Montréal, sur la grande scène GM au coin de Jeanne-Mance et Sainte-Catherine, pour animer un immense jam de percussions! En guise d'introduction à l'événement, il y aura aussi un numéro de percussions africaines avec Mélissa Lavergne, Antoine Geoffroy, Kattam, Pat Dugas et Dominic Côté. Venez jouer avec nous, les instruments seront fournis!

Le lendemain, jeudi 3 juillet, à 20h30, je serai à Drummondville avec Mélissa Lavergne et une trentaine de percussionnistes pour l'ouverture du Mondial des Cultures. Une très grande cérémonie accueillant tous les artistes venus d'une vingtaine de pays. Au menu, percussions africaines et brésiliennes!

Parallèlement à ces deux spectacles, je vous convie ce soir, à 23h59, au Savoy du Métropolis dans le cadre du Festival de Jazz pour voir et entendre l'excellent groupe électro africain Africana Soul Sisters qui seront en prestation pour la première fois à ce grand événement! Il y aura deux invités spéciaux, soit Kattam et Gotta Lago!

Parlant de Gotta, il sera finalement lui-même en prestation au bar Les Bobards, ce jeudi 3 juillet, à compter de 21h30, avec son band, pour une autre soirée reggae africaine des plus endiablées!

P.S.: Voici un peu pourquoi je ne publie pas souvent d'articles sur mon blogue ces temps-ci. Avec autant de bons shows, je suis rarement assis devant mon écran! Mais, je vous réserve le récit de l'extraordinaire soirée de Saint-Jean Baptiste pour très bientôt!

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