jeudi 30 octobre 2008

Le Makru, rythme pour séduire

Le Makru est un rythme magnifique de l’ethnie Susu qui est jumelé avec le Yankadi. Il contraste avec ce dernier par le fait qu’il est joué à une cadence très rapide et qu’il est binaire. De la même façon que le Yankadi, le rythme est joué lors des rites de séductions dans les villages.

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mercredi 29 octobre 2008

Comment bien jouer en groupe ?

Lundi soir, passé 21h, je suis en train de jouer le rythme Tiriba avec mes compagnons, sous l’égide de la belle Mélissa Lavergne qui veille à ce que tout soit harmonieux à l’oreille. Or, elle a tôt fait de tout faire arrêter, puisque le mot harmonie semble avoir été oublié dans l’inconscient de tout le monde…Il y a une cacophonie indescriptible qui règne dans le local, le groupe étant totalement déconnecté. Cette petite anecdote m’amène donc à vous parler aujourd’hui de l’importance de savoir jouer de la percussion en groupe.

Avant d’aller plus loin, je vous invite à aller relire l’article que j’ai écrit parlant de l’apprentissage des rythmes. En fait, l’art de jouer en groupe est intimement lié aux trois étapes d’apprentissage, soit l’exposition, la consolidation et l’intégration au rythme. Plus particulièrement, c’est lors de l’exposition et de l’intégration du rythme que le risque de ne pas jouer en groupe est le plus élevé.

Deux dimensions entrent en ligne de compte dans l’art de jouer en groupe: il faut savoir s’écouter soi-même et savoir écouter les autres. Prenons le temps de décortiquer les deux aspects.

Savoir s’écouter

L’harmonie rythmique réside dans la capacité de tous les percussionnistes à exécuter leur accompagnement en sachant s’écouter. La première étape consiste donc à percevoir le son qui émane de son propre instrument pour faire en sorte qu’il soit le plus juste possible. Par justesse, je fais référence ici à la qualité des frappes et au respect du phrasé du rythme. Si les frappes ne sont pas exécutées au bon moment, le rythme perd son identité.

L’autre élément relié à cet aspect est le volume avec lequel il faut jouer. Dans un arrangement rythmique, les accompagnements servent à soutenir celui qui fera les solos, d’où le mot «accompagnement». Chaque partie du rythme doit donc être jouée avec un volume raisonnable, sans jamais aller chercher le maximum de volume avec son instrument. L’avantage de ce conseil est de pouvoir jouer longtemps sans se fatiguer, puisque plus un rythme est joué longtemps, plus la vitesse augmente, ce qui représente un beau défi pour le percussionniste (l’aspect de la vitesse sera d’ailleurs traité dans un prochain article).

Savoir écouter les autres

Bien jouer de son instrument sans chercher à battre des records en volume est une chose, mais il faut aussi savoir écouter les autres. Jouer chacun pour soi est une tendance qui s’accroît lorsque le rythme est nouveau. Le cerveau a alors tendance a prendre le dessus et à confiner le joueur dans une espèce de bulle où l’oreille ne porte attention qu’à ce qui sort de l’instrument du joueur, et non des autres. Cette propension est normale dans un processus d’apprentissage individuel, mais la percussion étant avant tout un art collectif, il faut vite s’ouvrir à l’environnement sonore extérieur. Voici donc quelques trucs qui vous permettront de pouvoir éviter d’emblée à être pris dans ce piège:

  • La posture: Rester droit et éviter de courber le dos. Plus vous serez détendu, plus votre oreille aura tendance à percevoir un son global et non focuser sur ce que vous êtes en train de faire en oubliant l’extérieur.
  • Les doum-doum: La base du rythme étant les doum-doum, l’oreille devrait tout de suite avoir le réflexe de porter attention à cet instrument. Vous saurez ainsi beaucoup plus à même de respecter la bonne pulsion.
  • Les pas: Jouer sans bouger est vraiment à éviter, même lorsque vous êtes en train d’apprendre un nouveau rythme! Si tout le groupe bouge selon le même pattern et dans la bonne direction, alors le rythme ira “s’appuyer” selon ces bases, forçant ainsi l’oreille à prendre conscience de ce qui se passe.
  • Un rythme intégré est mieux qu’exposé: Cet aspect est le plus important. Jouer en garantissant votre confort! Dans des situations où le rythme doit être joué pendant un long laps de temps, optez toujours pour l’accompagnement avec lequel vous êtes le plus à l’aise. Rien ne sert de se donner un défi insurmontable! Ainsi, si l’accompagnement est intégré pour vous, si vous n’avez plus besoin de fournir d’effort mental pour l’exécuter, il vous sera beaucoup plus facile de pouvoir le jouer en écoutant ce qui se passe autour.

Et si jamais je me perds?

En processus d’apprentissage, il est normal de faire des erreurs, cela fait partie du jeu. Et lorsqu’on joue en groupe, cela peut avoir un impact significatif si on ne respecte pas certaines règles. Que faire donc si on se trompe? Doit-on arrêter complètement de jouer? Ou au contraire essayer de continuer et espérer ainsi rattraper notre erreur? Et bien, la réponse est simple: il vaut mieux, dans le cas où vous êtes incertains si vous respectez la pulsion et/ou si vous faites le bon accompagnement, d’arrêter de jouer. Cela peut paraître drastique et contradictoire, mais il vaut mieux prendre quelques secondes pour prendre conscience où le groupe est rendu dans le rythme. Voici les éléments à surveiller lorsque vous arrêtez, et les étapes à effectuer pour reprendre votre place au sein du groupe.

  • Réflexe #1: Écouter les doum-doum. C’est la première chose afin de repérer le tempo du rythme.
  • Réflexe #2: Les pas. Accordez ensuite vos pas avec la pulsion dictée par les doum-doum. Regardez aussi vos comparses, leurs pas vous donneront l’heure juste.
  • Réflexe #3: Le premier temps. Ce réflexe est plus difficile puisqu’il demande concentration et une réaction rapide. Essayer de discerner où le premier temps du rythme se situe. Et à partir de ce moment, faites des basses qui s’accordent avec vos pas.
  • Réflexe #4: Reprendre le rythme. L’étape finale de récupération est de rejouer le rythme à la bonne vitesse. Le 3e réflexe vous ayant aidé à retrouver cette vitesse, il ne vous reste plus qu’à repérer visuellement dans le groupe un de vos collègues qui jouent le même accompagnement que vous et de visuellement vous synchroniser. Dans le cas contraire, fiez vous aux doum-doum et aux autres accompagnements.

En résumé, il est impératif pour tout percussionniste de trouver sa zone de confort, et de respecter ses limites. L’art de jouer en groupe requiert beaucoup de pratique, une bonne dose d’humilité et un dosage de ses énergies. Par contre, c’est un des meilleurs exercices qui soit pour se garder en forme et avoir du plaisir en groupe!

mardi 28 octobre 2008

Iniké Billy Konaté

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Samedi et dimanche, il y a deux semaines, j’assistais avec grand enthousiasme aux deux ateliers du maître djembéfola Billy Nankouma Konaté, fils de la légende du djembé Famoudou Konaté. Considéré comme un des meilleurs djembéistes de sa génération, Billy était en escale à Montréal pour trois jours, afin de transmettre une parcelle de son immense savoir à la communauté percussive de Montréal. Je me souviendrai longtemps de ces deux journées, puisqu’il est rare de pouvoir rencontrer un tel phénomène du djembé en chair et en os.

J’arrive donc à l’Alizé peu après midi, djembé sur le dos. Déjà, nous sommes plus d’une quinzaine à être déjà installé, disposés en demi-cercle devant la scène où trônent trois magnifiques doum-doum. Billy est en train de vérifier à ce que tout soit en place, puis son acolyte Pascal nous souhaite la bienvenue. Laissant place au fils Konaté, la magie d’une après-midi musicale peut commencer.

D’emblée, je remarque chez l’homme une caractéristique indéniable qui est aussi commune à Mamady Keita: sa très grande humilité. Tout de suite, on se sent en confiance, en relation d’égal à égal avec le professeur. C’est très difficile à expliquer, puisque c’est instinctif et très émotif, mais c’est un élément essentiel dans l’apprentissage puisque tout part de la confiance entre le maître et l’élève. Repensant encore à ces deux jours, je n’en reviens pas de tout le matériel que Billy nous a présenté, et cette quantité substantielle véhiculée provient de cette base d’égalité dont tout joueur de djembé se doit d’exprimer vis-à-vis ses pairs.

Le Tamala

Billy n’a beau qu’être âgé d’une trentaine d’années, il possède la prestance et le savoir-faire des djembéfola qui sont d’une génération plus vieille que la sienne. Il commence son cours sur les chapeaux de roues avec des échauffements de roulements assez complexes merci. Malgré le peu de gens qui réussissent (je ne vous parlerai pas de moi ici…), Billy juge que nous sommes un groupe avancé, il décide donc de nous enseigner comme premier rythme le Tamala.

Le Tamala est un rythme binaire très peu connu, puisque Billy l’a appris lui-même il y a un peu plus de deux ans seulement. C’est d’ailleurs son rôle, déterrer des rythmes inconnus confinés dans le coeur de la terre africaine afin de les faire connaître. Traditionnellement, dans les villages, le rythme est joué lors des rites où les hommes doivent choisir une femme pour épouse. Le rituel a lieu dans la grande place du village, appelée bara.

Le Dununba

Le lendemain, Billy nous a enseigné deux rythmes tirés de la grande famille des Dununba, les rythmes et les danses des hommes forts. Ces rythmes ternaires sont très complexes au niveau des accompagnements de doum-doum. Presque tous les accompagnements ternaires de djembés sont identiques. Ce sont donc les doum-doum, les appels d’intro et les solos qui définissent le rythme. Le premier des deux rythmes que Billy nous a montré est le Baradota.

Ce rythme est joué au tout début de la fête Dununba, à la maison du chef du batteur de la troupe de percussionnistes. Tout le long du chemin menant au bara (la grand place du village), le rythme est joué, en alternance avec d’autres rythmes dununba. Les percussionnistes prennent place sous le grand arbre, et les danseurs s’attroupent devant eux en même temps que tous les habitants du village. Lorsque la fête se termine, les percussionnistes n’arrêtent pas de jouer, ils continuent de jouer un autre rythme (voire même deux ou trois)  sur le chemin du retour. Puis, lorsque le rythme se termine, les danseurs, particulièrement le grand danseur de Dununba, se mettent tous en ligne pour remercier les djembéistes. À ce moment, le rythme joué est Loumata, et c’est ce deuxième rythme que Billy nous a enseigné.

Ce rythme ternaire est très saccadé, notamment les accompagnements de sangban et de dununba. Chacun comporte un phrasé de 7 mesures ternaires qui dictent les pas aux danseurs. En effectuant les pas, les danseurs tournent sur eux-mêmes, faisant tournoyer la poussière autour d’eux. Cette cérémonie musicale est une véritable prouesse technique et physique puisqu’elle dure souvent plusieurs heures, et les percussionnistes doivent transporter leurs instruments avec eux.

Pour clore cette fin de semaine intense en apprentissage, j’ai eu droit à un formidable spectacle de Billy avec la formation afro-québécoise Taafé Fanga. Un moment de pure virtuosité alors que le grand maître, vêtu de son costume orange de feu, a enflammé l’Alizé par son jeu et ses frappes qui fendaient l’air à la vitesse de l’éclair. Et que dire de ceux et celles qui l’accompagnaient! Quel moment de fierté que de voir des profs (qui sont maintenant des amis) jouer de tout leur coeur et avec toute leur énergie au service d’un djembéfola de la trempe de Billy. Grandiose!

Je termine avec un mot en Malinké que Billy nous a dit à la fin de chaque journée d’ateliers. Ce mot est Iniké, et veut dire «Amitié» en langage guinéen. Comme quoi le djembé est le symbole de l’Amitié.

Voici un vidéo déniché sur Youtube qui vous permettra de mieux apprécier la grande virtuosité de ce maître.

dimanche 19 octobre 2008

Le yankadi, rythme de la séduction

Le rythme de cette semaine est le yankadi, rythme de l’ethnie Sousou joué lors des rites de séduction. Le yankadi est presque toujours jumelé avec le makru, autre rythme binaire très rapide. Les deux rythmes alternent dans la danse, marquée par une pulsion lente avec le yankadi et rapide avec le makru.

Lors des danses de séduction, les hommes forment une rangée et font faces aux femmes qui forment une autre rangée. Face à face, ils dansent en gardant contact avec les yeux, touchant le coeur de l’autre avec la main. Puis au son du sifflet, le rythme se transforme en makru.

Il existe deux versions de ce rythme, une en ternaire, la plus connue, et l’autre version en binaire.

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Vidéos (djembé seulement)

jeudi 9 octobre 2008

Entrevue avec Billy Konaté et Taafé Fanga

Voici l’entrevue qu’a réalisé Cynthia Morneau de CHOQ FM, la radio étudiante de l’UQAM, avec le maître percussionniste Billy Konaté et Olivier et Benjamin Landry du groupe Taafé Fanga. Leur passage à la radio est dans le but de promouvoir le super week-end de percussions africaines où il y aura les ateliers de Billy Konaté donnés samedi, dimanche et lundi après-midi, ainsi que le grand spectacle de Taafé Fanga avec Billy Konaté le dimanche soir. Bonne écoute!

mardi 7 octobre 2008

Le djole, rythme du sicco

Cette semaine, comme deuxième rythme d’apprentissage, voici le djole. Ce rythme provient du Sierra-Leoné et il est dansé avec des masques. Traditionnellement, ce ne sont pas des djembés qui sont utilisés dans ce rythme, mais bien des tambours de forme carrée appelés sicco. Les hommes dansent sur le rythme en portant des masques représentant le visage d’une femme.

La particularité et la petite difficulté dans ce rythme est dans le deuxième accompagnement où le phrasé s’étend sur deux mesures de quatre temps, contenant beaucoup de silences. Je vous encourage à écouter le vidéo référé au bas de la partition pour vous aider à comprendre l’accompagnement. Quant au premier accompagnement, il peut être joué en alternant les mains (je préfère de loin cette disposition, surtout lorsqu’il est joué rapidement), ou bien en utilisant toujours la main dominante deux fois de suite.

Bonne pratique!

La partition:



MISE À JOUR (08/05/09)

Les vidéos:

jeudi 2 octobre 2008

Solo incroyable de Mamady

Je viens de tomber sur un vidéo absolument incroyable d’un solo effectué par le grand maître djembéfola Mamady Keita, filmé par un de ses étudiants lors de son stage annuel en Californie.

Prenez vraiment le temps de voir et revoir ce vidéo pour comprendre la mécanique d’un solo au djembé. Dans un solo, les instants de création sont entrecoupés de retours au rythme afin de faire «respirer» le solo. Inspirez-vous de ce vidéo pour parfaire votre technique, puisque Mamady se sert des trois sons de base, en plus de sons étouffés, pour faire en sorte d’apporter différentes couleurs au solo.

Surtout, prenez la peine de constater la gestuelle de Mamady, ses mouvements de bras, sa posture, et l’incroyable énergie qu’il dégage. Cet aspect est le plus important dans un solo, l’attitude du djembéiste est l’élément que les auditeurs vont le plus remarquer.

Ce vidéo est donc un excellent instrument d’apprentissage!

MISE À JOUR: Le rythme que joue Mamady et les dununs que vous entendez dans le vidéo consistent au Lekule. Je suis encore dans mes recherches pour trouver la provenance historique du rythme, ainsi que les partitions. À suivre...

MISE À JOUR #2: Voici l’historique du Lekule. Le rythme a été inventé il y a plusieurs siècles en l’honneur d’une femme décédée qui était une très bonne danseuse. Son mari a inventé le rythme en son honneur. Il était un très grand percussionniste qui jouait d’un instrument appelé planibala, soit un petit djembé doté de plusieurs djembés de petite taille attachés autour. Chacun de ces plus petits djembés possède une tonalité différente. Le rythme est originaire de la Guinée méridionale, de l’ethnie Guerze. Le Lekule est joué en l’honneur de cette femme lors des célébrations, afin de se rappeler de son immense talent pour la danse et sa grande beauté.

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