vendredi 28 septembre 2007

De la percussion aux Journées de la Culture!

Je serai demain, à la cinquième salle de la Place-des-Arts avec mon école de percussions Samajam, pour donner un atelier de percussions africaines au public. Cette activité est présentée dans le cadre des Journées de la Culture qui ont lieu aujourd'hui jusqu'à dimanche! Profitez-en pour aller voir du théâtre, de la danse, du cinéma, de la musique, bref, culturez-vous un peu! Venez en grand nombre, les instruments sont fournis et c'est ouvert à tous!

Quand: Samedi le 29 septembre 2007
: 5ième salle de la Place-des-Arts
Heure: de 14hres à 15h30

Rentrée percutante en cinq actes

Vendredi (où devrais-je dire samedi matin) soir, 22 septembre, 2h22 AM. J'écris ces lignes, totalement épuisé, mais incapable de trouver le sommeil. J'ai vécu une semaine où le mot intensité consiste à un euphémisme pour la décrire en mots. Jamais je n'ai vécu une semaine aussi effrénée que celle qui vient de passer, ce fut un véritable raz-de-marée d'énergie nouvelle, qui correspondait au début de la nouvelle session d'automne de percussion à Samajam. Nouveaux cours, nouveaux rythmes, nouvelle expérience d'enseignement, et surtout, nouvelles rencontres. Un véritable vent d'air frais arrive avec l'automne, et il entre à pleine porte dans l'école. Voici donc un compte-rendu de ces cinq soirs qui ont passé en coup de vent.

Acte un - Lundi - Cours de danse et soli

Quoi de mieux que de commencer la semaine en lion avec un cours de danse africaine? Cela faisait plus de six mois maintenant que je n'avais pas joué pour la classe de Claudine Malard, et bon dieu que j'avais hâte de renouer avec cette formidable période de quatre-vingt dix minutes de pur trip musical. Et cette année, j'ai décidé de délaisser le djembé pour parfaire mon jeu au dundun. Et nous, les six étudiants qui formont le band, avons le grand honneur d'être dirigé cette session par nulle autre que Mélissa Lavergne. J'étais d'ailleurs bien content de la revoir ce soir-là.

Quel moment magnifique nous avons vécu tous ensembles. J'ai rarement vécu un moment musical aussi intense. Nous étions totalement connectés les uns les autres, la musique roulait sans aucun effort, sans aucune fausse note. Le fait de jouer, un seul et même noyau, depuis plusieurs sessions aide à acquérir de l'assurance, et ça paraît. L'énergie a atteint un nouveau sommet, et j'ai bien hâte de voir les prochaines semaines. Claudine, comme a son habitude, était vraiment en super forme. Je crois que tout le monde avait bien hâte de renouer avec ces lundis soirs de danse!

Porté par cette énergie enracinée, la soirée se poursuit avec le cours de Mélissa. Juste le fait de se retrouver à sept personnes seulement avec elle est un privilège et une chance unique. Le cours démarre sur les chapeaux de roues avec la révision du tutti, le cassé que l'on retrouve dans le soli rapide de Mamady. Exercice intense de mémorisation et parfait pour s'exercer avec les fameuses ghost notes entre chaque frappe. Le temps file à la vitesse de l'éclair, et la deuxième partie du cours se joue sur les dunduns, avec les trois accompagnements du soli. On goûte vraiment à l'univers des rythmes ternaires, et il faut bien savoir compter les temps. On ne voit pas celui de l'horloge par contre, et déjà, la soirée se termine.

Acte deux - Mardi - Cours Débutant 2

Le lendemain, c'est déjà le temps de passer en mode enseignement pour le premier cours des Débutant 2. Éric est aux commandes et je suis sur scène avec Cheick Anta. J'arrive plus tôt qu'à l'habitude, prenant le temps de bien placer mes instruments. Il y a de la fébrilité dans l'air juste à revoir des nouveaux visages et bien sûr, ceux qui sont déjà connus et que j'avais tellement hâte de retrouver. Une trentaine de gens se trouvent bientôt dans la grande salle, et je commence le réchauffement avec un kuku bien senti, et lorsqu'Éric entre dans la salle, l'atmosphère est déjà survoltée.

Le cours se déroule vraiment bien, les gens sont souriants, et je me déplace d'un bord à l'autre de la scène, tantôt au shaker, tantôt au djembé. Puis, je me faufile entre les gens pour leur montrer les positionnements des mains. Je suis dans mon élément, et cela fait un bien énorme. On enchaîne après avec le rythme de Pap N'Diaye de Côte d'Ivoire, et un autre cours se termine bien rapidement après un effort collectif admirable de la part des élèves.

Je profite de l'après-cours pour aller jaser avec des gens qui reviennent au bercail après une trop longue absence, et je constate vraiment à quel point tout ce beau monde m'avait manqué durant l'été. Après le premier acte de la veille, le deuxième est vraiment annonceur de belles soirées musicales!

Acte trois - Mercredi - Jam à 180

Enfin, le grand jour arrive, celui de la rentrée des «petits nouveaux». La journée est spendide, ensoleillée, et le parcours en métro pour se rendre à l'école semble beaucoup plus long qu'à l'habitude (à dire vrai, je pourrais même en faire un article tellement je trouve que prendre le métro vers les 17h30 est un vrai périple...À suivre). J'arrive quand même assez en avance à l'école pour souffler un peu. Déjà, on sent une atmosphère bien spéciale, et une file de gens attendent déjà devant la grande porte pour s'inscrire.

En entrant dans la grande salle, qui pour l'instant est vide de tout occupant, je constate que l'école n'a pas lésiné sur les moyens. 160 chaises sont cordées en rangées, avec un djembé devant chacune d'elle. Une caméra, nouvel ajout pour les cours, est monté au fond de la salle, avec le projecteur. Dans le couloir, une foule de nouveaux visages sur lesquels on peut lire mille et unes questions. Ils auront vite les réponses...

L'équipe d'animation s'est drôlement agrandie ce soir, car nous avons besoin du maximum de support provenant des élèves de niveaux plus avancés. Nous sommes une trentaine à s'entasser dans le petit local, djembé sortis, prêts à passer une soirée du tonnerre. Avec Cheick Anta et Gotta, nous pratiquons notre pièce du Safara question de se réchauffer et de faire grimper l'énergie en flèche. Puis, Louis vient nous retrouver et nous explique la petite mise en scène qui servira de coup d'envoi à une nouvelle session débutante.

19h05 arrive, et il est maintenant temps d'aller casser la barraque dans la grande salle. Les portes s'ouvrent, et aussitôt les murmures cessent, les regards se tournant vers nous. La salle est remplie à craquer et nous avons même de la difficulté à nous frayer un chemin jusqu'à la scène. Et il est encore plus difficile d'y trouver une place, avec nos tambours et nos instruments. Une vingtaine de personnes sur le stage, et bien, ça fait beaucoup de monde.

Nous nous installons tous dos à la foule. C'est assez étrange comme sensation de sentir autant de regards se fixer sur nous. Je me rappelle qu'à chaque fois, cet instant reste gravé dans ma mémoire. Car tous ces gens qui sont présents ici ce soir n'ont aucune idée à quel point cette soirée restera marquée dans leur existence, peu importe s'ils décident de poursuivre l'aventure des percussions ou non. Et à voir le nombre inégalé de personnes, soit 162, garanti que ce soir, il se passera quelque chose de grave!

Louis donne le signal à Cheick, et aussitôt, celui-ci se lance dans un roulement du tonnerre, et cela constitue en quelque sorte au lever du rideau. Puis, Sadio arrive du derrière de la salle et les deux Sénégalais se lancent des appels réponses au tambour. Je sens alors une décharge électrique le long de ma colonne vertébrale. Les deux font ensuite l'appel, et c'est le signal à moi, Nico et Christian de se retourner pour faire le Safara. Même si le tout n'est pas parfaitement au point, l'effet est canon, tout le monde apprécie vraiment le moment. Puis, Louis lance de nouveau un appel et nous lançons une charge à fond de train avec le kuku. Aussitôt, le mercure monte de quelques degrés.

Le reste du cours passe en coup de vent. Une formidable dose d'énergie, une bombe à 160 personnes. Il y a une chaleur étouffante dans le local, rendant ce dernier complètement tropical. Les gens crient, chantent, jouent de bon coeur. C'est une véritable célébration de la musique, et pourquoi pas, de la vie tout court. La synchronie entre les quelques 190 personnes présentes ce soir est parfaite. Même Luc Boivin, le directeur musical de l'école, n'en revient tout simplement pas. La session part définitivement sur des chapeaux de roues. Le cours se termine en une apothéose de bruit, de cris, de joie et d'adrénaline. Tellement intense que nous restons encore une dizaine de personnes, en cercle, à jammer pendant une heure sans baisser de régime. Je reviens chez moi complètement sonné par toute cette tornade. Ça fait tellement de bien!!

Acte quatre - Jeudi - Percussion en plein air "pur"

Moi qui pensait ne jamais être capable de m'endormir, et bien, j'ai eu tort, car aussitôt ma tête posée sur l'oreiller, je dormais déjà, l'adrénaline s'étant dissipée de mes veines d'un seul trait. Je me réveille le lendemain, un peu courbaturé d'avoir tant joué intensément hier, mais je m'en fiche. La journée est splendide, et ça tombe rudement bien, car c'est la journée sans voitures à Montréal. Enfin, le centre-ville est à nous! L'été semble ne pas vouloir quitter, et c'est tant mieux! Je file donc au coeur de Montréal pour constater de mes propres yeux à quel point il devrait y avoir des journées comme celle-là beaucoup plus souvent. Je m'esclaffe de rire devant les automobilistes criant un joli paquet de sacres sur René-Lévesque, incapables de tourner vers le nord. Puis je passe les clôtures, et je me surprends de marcher sur la rue Sainte-Catherine sans qu'il n'y ait un seul bruit de klaxon ni de moteur. Le bonheur.

Je regarde ma montre et je dois me dépêcher, car dans cinq minutes, le spectacle du midi aura lieu et deux de mes profs percussionnistes participent à l'événement: Sadio Cissokho et Mélissa Lavergne. Sadio joue avec son groupe africain Taafé Fanga alors que Mélissa joue avec le groupe de percussions Insolita. Je dois me rendre au Square Phillips pour pouvoir profiter du spectacle, et j'avoue que l'endroit est fichument bien choisi. Le soleil plombe au maximum et bien vite, je suis trempé. Je retrouve rapidement Éric, J-F et Karine, non sans avoir au préalable été saluer Sadio qui se prépare à jouer. Les Respectables sont les premiers à monter sur scène et ils interprètent trois de leurs chansons, et enfin, c'est au tour de Taafé Fanga de saluer le soleil avec leur musique africaine.

C'est toujours aussi bon, aussi savoureux, aussi agréable de les entendre. Ils y mettent toute la gomme, avec les duns, balafon, djembés, danse. Et sous le soleil, on ne peut pas demander mieux. Puis, Mélissa et son groupe Insolita montent sur scène pour interpréter deux numéros de percussion vraiment originaux. Le premier numéro met en scène quatre percussionnistes assis sur des cajòns, avec des seaux de peinture «Rona» en guise de tambour, qu'ils frappent avec des baguettes. Par contre, le deuxième numéro est vraiment spectaculaire. Installé chacun derrière quatre surdos, ils jouent une pièce où, à chaque contact de la baguette avec la peau, une énorme gerbe d'eau les éclabousse. Ajouter à cela leur costume plein de couleurs et de maquillage, vous avez là quelque chose qui atteint l'échelle de 10 quant à l'originalité. Nous partons à contrecoeur après leur prestation, alors que Les Respectables reviennent sur scène. Mais, mal nous en prit, car nous entendons bien vite un solo de djembé. Mélissa est de retour sur scène! Nous accourrons donc de nouveau au devant de la scène, et j'ai peine à croire que j'ai la chance de suivre les enseignements de cette musicienne au grand talent.

Soleil et chaleur obligent, je décide de faire l'école buissonnière, et je vais prendre une bière sur une terrasse avec Éric, goûtant au maximum aux derniers rayons de soleil de l'été.

Acte cinq - Ceinture orangée

Le lendemain soir, j'ai rendez-vous, en guide de conclusion à cette semaine complètement folle, à l'école pour faire passer l'examen des ceintures orange à sept candidats. J'arrive donc au local où ils sont déjà en train de pratiquer, et j'admire leur détermination. C'est un des aspects de mon nouveau travail qui me surprend et qui me tient vraiment à cœur. Être témoin de l'évolution de ces sept personnes est quelque chose de vraiment spécial. Ils en sont rendus à vouloir se dépasser dans cet exercice qui a tout pour décourager le commun des mortels, demandant patience, mémoire, gestion de stress et un certain talent technique.

L'examen se déroule rondement, et j'ai le plaisir de remettre six ceintures oranges aux heureux élus, ce qui fait une excellente moyenne. Le temps de savourer une dernière bière sur la terrasse, je retourne enfin chez moi pour profiter, pour une rarissime fois, à un week-end sans percussion!

mardi 25 septembre 2007

Mode occupé

Mes excuses si je n'écris pas souvent ces temps-ci, je suis très occupé avec la rentrée à l'école de percussions et avec la rédaction de mon mémoire. Il faut malheureusement que j'établisse mes priorités. Cependant, j'ai des textes en gestation, et promis que d'ici la fin de la semaine vous serez au courant de tout! Chose certaine, je peux vous dire que je vis des moments incroyables ces temps-ci en musique!

Stay tuned comme disent nos voisins du Sud.

samedi 15 septembre 2007

Comment jouer du djembé: les solos

Un des aspects les plus importants dans l'apprentissage de la percussion, hormis les rythmes de base, est de savoir comment faire des solos. Beaucoup d'étudiants à qui je parle me pose la question pour savoir comment réussir à faire un bon solo. La réponse à cette question est loin d'être simple. L'art du solo est constamment à parfaire, et même moi, j'en apprends à chaque jour sur cette technique. Je prends quand même cet espace aujourd'hui pour vous donner quelques trucs qui vous permettront de bien débuter et surtout, bien pratiquer.

Les préjugés

Avant d'y aller avec mes conseils, voici une liste des trois plus grands préjugés ou idées préconçues à l'égard des solos, qui ne sont pas vraiment de bonnes références sur lesquelles se baser avant de se lancer dans des prouesses spectaculaires au tambour. Noter bien que cette liste est personnelle, et loin d'être complète. À vous d'en juger.

Un bon solo doit contenir un maximum de frappes, ou de notes, dans le plus court laps de temps possible.

C'est totalement faux et même, à éviter, car l'oreille sera saturée par ce qu'elle entend.

Un solo doit être joué avec des frappes qui détonnent, en jouant le plus fort possible.

Autre erreur à éviter, puisque cela peut vous blesser d'une part, et vous vider de votre énergie, de sorte que vous ne pouvez plus poursuivre la pièce musicale une fois votre solo terminé.


Un solo se doit d'être joué à très grande vitesse.

Cela peut être vrai dans certains cas, mais c'est loin d'être la norme. Un solo peut être joué à n'importe quel tempo, donnant ainsi une toute autre couleur au rythme. La ligne à respecter est celle imposée par les autres instruments. On joue le solo souvent à la même vitesse que la musique qui le soutient.

Qu'est-ce qu'un solo?

La réponse à cette question est toute sauf objective. Chacun a sa propre conception d'un solo, mais il y a de grandes lignes directrices à savoir au niveau technique. Ma conception d'un solo est, à la base, un équilibre. Un solo vient mettre de la couleur et surtout, de l'intensité dans une pièce musicale. Par équilibre, le solo se doit de contenir des moments de silence qui font partie prenante du corps, du squelette auquel le soliste s'accrochera, pour ensuite pencher, sans excès, vers un remplissage de ces silences, avec des notes.

En percussion, le squelette d'un solo peut souvent consister à des parties de rythmes, d'accompagnements appris, que l'on peut modifier à son gré au fur et à mesure que le solo se déroule. Un facteur clé qui influencera à coup sûr le solo est le temps. Combien de temps le musicien dispose pour faire son solo, pour le créer, pour le bâtir. De plus, un solo se doit d'avoir un début et une fin. Le but est d'arriver à stimuler l'oreille de l'auditeur, à lui indiquer que quelque chose de spécial se passe dans la pièce musicale, à briser la routine.

Un solo sert également pour certains contextes particuliers. Je fais référence ici à la danse, par exemple la danse africaine, où un leader dans le groupe va ponctuer les pas de danse de frappes sonores et bien senties. Ici, le solo sert à supporter l'énergie, à agir comme un cataliseur pour garantir un effet d'entraînement aux pas de danse. Le danseur en vient ainsi à bouger avec un corps qui trouve son écho dans l'espace. Je ne vais pas m'attarder ici sur ce type de solo qui est assez particulier, peut-être en ferais-je davantage allusion dans un autre billet.

Les ingrédients

Maintenant que vous connaissez ma conception d'un solo, je vais vous entretenir sur les ingrédients à toujours se référer pour garantir un solo qui réussira, à tout le moins, à insuffler une dose d'intensité et de couleur à votre musique. Encore une fois, cette liste est tout-à-fait subjective et non-scientifique, donc vous en faites ce que bon vous semble.

  • L'émotion - Cet ingrédient est essentiel. Un solo se doit de véhiculer une émotion. De par l'émotion, je parle de celle qui vous habite à l'instant même où vous amorcer votre solo. Branchez-vous à ce qu'il y a de plus ressenti chez vous, non pas à ce que vous pensez, mais à ce que vous vivez comme sentiment, que ce soit de la colère, de la joie, de la peur, de la tristesse...Les possibilités sont infinies. Laissez ce sentiment émerger, et non seulement vous allez vous sentir infiniment mieux après, mais ce sentiment véhicule l'énergie et la puissance nécessaire pour effectuer un solo qui saura remplir son but: imprégner les oreilles du public pour qu'ils puissent se souvenir de la beauté de votre musique.
  • Le contact - En plus de véhiculer une émotion, le solo doit pouvoir toucher le coeur des gens qui vous écoutent. Alors imaginez-vous en train de jouer un solo sur votre tambour, en fixant constamment des yeux vos mains. Cette attitude corporelle est à proscrire. Il faut «ouvrir» votre solo, pour vos collègues musiciens d'abord, mais surtout pour le public. Il se passe alors un échange entre vous qui offrez et le public qui reçoit votre solo. Dès ce moment, la réaction d'exclamation comme les applaudissements et les cris devraient vous servir comme tremplin pour vous lancer plus à fond dans votre solo. La clé ici est de plonger! Soyez gestuel, théâtral dans votre solo, agrémentez-le de gestes, comme par exemple lever le bras dans les airs pendant que la main opposée frappe, faire semblant d'attraper l'air avec vos doigts, changer votre expression faciale...Les possibilités sont infinies! 
  • La confiance - Peu importe votre habileté technique à effectuer des solos, le plus important est de croire dur comme fer en vos moyens. Assumez-vous complètement et simplement. Un bon solo peut être seulement quatre notes, comme quatres basses, mais tellement puissantes et tellement senties qu'elles en donnent le frisson à l'auditeur.  Un bon geste avant d'entamer votre solo est de bien ancrer vos pieds au sol, de façon à vous enraciner. Prendre quelques secondes pour respirer et se centrer, faire le vide, est idéal pour élever le niveau de confiance. Le soloïste peut ressentir la peur, mais il ne doit pas la laisser transgresser son attitude, il doit s'en servir comme source de motivation pour plonger. Briser les barrières.
  • L'écoute - Une autre grande qualité à développer pour jouer un solo est d'aiguiser son oreille, c'est-à-dire, développer l'écoute musicale. Un solo se greffe à la musique pour se fondre avec elle. Éviter donc de partir dans des envolées de sons à grande vitesse ou à très fort volume, cela brisera la magie du solo. Mon prof Sénégalais m'a toujours dit que lorsqu'il joue un solo, il suit toujours la ligne des dunduns, les tambours qui agissent comme le métronome dans le rythme. Donc, peu importe l'instrument que vous jouez, essayer de repérer ce qui est régulier dans le rythme, comme les basses par exemple. Cela vous donne des balises pour bien appuyer les bases de votre solo, tout en évitant de jouer trop vite.

Par où commencer ?

Voici finalement quelques trucs de base pour vous guider à briser les barrières qui empêchent souvent de jouer des solos. Ces trucs, combinés aux ingrédients mentionnés auparavant, ont été les éléments que j'ai utilisés pour faire en sorte qu'aujourd'hui, lorsqu'on m'offre l'occasion de jouer un solo, je la saisis sans même me poser la question.

  • Écouter les solos de grands musiciens - Ce truc peut paraître complètement anodin, mais c'est de loin le plus important. Soyez alerte, en écoutant des rythmes africains où un maître performe un solo. Qu'est-ce qui, dans le solo, vous «parle», en termes d'émotions, d'intensité, qu'est-ce qui vous impressionne, en tant qu'auditeur ? Enregistrez ces éléments et décortiquez-les pour ensuite tenter de les reproduire.
  • La zone de confort - Cela m'amène à vous mettre en garde, en tentant de reproduire des éléments constitutifs des solos de grands maîtres. Il ne faut surtout pas viser trop haut. Un bon solo peut être tout simplement des basses qui sont tellement assumées et ressenties que les émotions et le contact avec le public seront quand même au rendez-vous, beaucoup plus que vous ne le croyez. Trouvez alors votre zone de confort, soit celle où vous estimez être à l'aise au niveau de l'exécution de vos frappes et la vitesse.
  • Varier les sons - Le son de prédilection pour les solos est sans contredit la claque. Étant très aérienne, cette frappe a beaucoup d'impact à l'oreille. Par contre, il faut éviter de trop l'utiliser, car ce qui fait la mélodie du solo est la combinaison savamment dosée des frappes et de la vitesse. C'est là l'aspect le plus difficile à travailler. Apprenez donc à entrecouper vos claques par des tons ouverts et des basses.
  • Le quatrième son: le silence - N'oubliez jamais qu'hormis les trois sons du tambour, il y en a aussi un quatrième: le silence. Intégrez-le dans vos solos. Il a en fait deux utilités. Il sert à récupérer physiquement, surtout à haute vitesse. Aussi, le silence permet à celui qui performe de mieux trouver ses points de repères en ressentant le rythme qui appuie son solo, tout en permettant aux auditeurs de ne pas être saturé par les multiples sons qui parviennent à leurs oreilles. Le silence est le meilleur moyen de pouvoir contraster votre solo et lui donner de l'impact. Par contre, trop de moments de silences dans votre solo rendra ce dernier fade et sans couleur.
  • Chanter! - Le dernier élément qui me permet de toujours m'entraîner dans mes solos, sans nécessairement avoir l'instrument sous la main, c'est de...Chanter! Chanter vos solos lorsque vous écouter de la musique, peu importe son genre. En utilisant le Pa pour la claque, le Pi pour le ton ouvert et le Pou pour la basse par exemple. Votre cerveau s'entraînera alors à enregistrer des "patterns" rythmiques, et vous verrez, lorsque viendra le temps d'effectuer votre solo réellement, vos mains appliqueront ce que votre cerveau aura enregistré!

Pour terminer...

Voyez le solo comme un privilège, et non comme un défi insurmontable. Rien n'est plus beau que de voir un djembéiste s'exécuter corps et âme sur son instrument, ouvrant ainsi les portes de son esprit, laissant parler et exprimer par ses mains, son visage, son corps tout entier, ce qui se cache au plus profond de lui-même. Et souvent, ce qui s'y trouve est un trésor inestimable.

vendredi 14 septembre 2007

Le rythme de l'ennui

Vous vous réveillez un matin et vous avez les "blues" comme on dit. C'est l'ennui total. Puis, une soudaine envie vous prend de "tapocher" sur tout ce qui bouge. D'abord vos doigts tapent sur vos cuisses, puis votre torse, puis votre tête. Ensuite, vous vous mettez à fermer et ouvrir la fermeture éclair de votre veste qui traîne sur le divan. Vous prenez vos souliers et vous faites frapper les semelles ensembles. Vous vous amusez à faire cliqueter l'interrupteur de la cuisine, et vous tapez avec vos jointures sur l'écran cathodique de la télévision. Vous allumez et éteignez votre balayeuse....Tout ça crée une musique, le rythme de l'ennui. Et ma foi, rien de mieux pour se désennuyer...En voici la preuve éloquente! Totalement génial!

mardi 11 septembre 2007

Le jeu musical de maître Mamady

Je viens de tomber sur ce vidéo de Mamady Keïta qui a récemment fait une tournée en Asie, après être venu nous voir en juin dernier. Dans ce vidéo, vous pouvez admirer la grande virtuosité dans le jeu de ce djembéfola qui est dans une classe à part. Tout est dans la finesse des frappes, des doigts jusqu'aux roulements des mains en feu, qui se marient avec grâce à la mélodie des dunduns, mélodie joué par sa femme. Un pur moment de magie.

Piqûre espagnole (bis)

J'ai déjà été atteint d'une piqûre espagnole une fois, lorsque je suis allé voir pour la toute première fois un spectacle de flamenco offert par François Taillefer, mon prof de percussions méditerranéennes, et la grâce en personne, Myriam Allard, une, sinon la danseuse la plus talentueuse du genre au Canada. Je m'en souviens comme si c'était hier, tellement ce spectacle m'avait marqué par sa grâce, sa puissance et son intensité à la fois musicale et théâtrale. La Salla Rossa était pleine à craquer. C'est pourquoi j'attendais avec impatiente le deuxième spectacle de flamenco donné par François, dimanche dernier, à la Place d'à Côté, sur Papineau.

Comme à mon habitude, j'arrive là-bas quinze minutes après huit heures, complètement en retard. La place est bondée de monde, car c'est l'événement du mois de la Pena Flamenca de Montréal. Je repère très vite parmi les têtes mes amis qui sont attablés au centre de la salle. L'atmosphère est très joviale. Je repère François et le salue rapidement, ce dernier étant en pleine préparation de dernière minute. Il fait chaud, la soirée est magnifique, et j'ai bien hâte de pouvoir goûter au suc mi-sucré, mi-amer de cette musique. Sur scène, je distingue le cajòn de Francois, la guitare classique, et des tabourets. Je me demande bien ce que j'aurai le bonheur d'entendre dans à peine quelques minutes.

Finalement, les lumières de la salle se tamisent, l'animatrice présente le groupe et les musiciens, et elle se retire. Puis, deux palmeras s'avancent sur scène, deux demoiselles dont une me dit vaguement quelque chose, mais je n'ai pas vraiment la chance de voir qui c'est, étant donné le faible éclairage. Puis, le guitariste, le chanteur et François s'amènent sur scène. Les lumières s'allument, et quelle n'est pas ma surprise de revoir Myriam Allard en chair et en os, assise à la place du palmeros. Après tout, c'est bien logique, ce sont ses élèves qui nous en metteront plein la vue ce soir.

Les deux bailaoras s'exécutent dans la première partie du spectacle avec une sensualité, une présence, et avec une aura très puissante. La première, petite et d'origine Asiatique, est très agile avec son corps à dicter le tempo sur le cante, la pièce musicale. La deuxième danseuse est beaucoup plus ferme, affectuant ses pas sur une bulerìa, soit un des multiples palos, qui s'apparente au style, à la forme musicale de la pièce. Le guitariste insuffle quant à lui une liquidité au rythme, à la danse, tandis que François dicte le compas du rythme, la pulsation, avec son cajòn.

Tout est dans l'émotion avec cet art, et les rythmes le rendent tellement bien. Ce sont les danseuses qui dictent quoi faire aux musiciens, sans parole, tout étant dans la sensation du rythme. C'est la magie du baile en flamenco, le solo de la danse, où la danseuse frappent avec ses pieds le sol, tout en faisant bouger ses mains dans les airs avec la grâce et l'agilité des branches d'arbres qui se bercent dans le vent.

La deuxième partie du spectacle est encore plus relevée, car il y a un beau mélange de styles qui se crée devant nous. François ayant invité un contrebassiste et un flûtiste à l'accompagner sur scène, ce trio interprète une première pièce à la contrebasse, au cajòn et à la flûte aux arômes de flamenco saucé d'effluves d'Arabie, où le public part définitivement en voyage. François est tout simplement stupéfiant, assis sur son cajòn, avec la main droite frappant un duff gigantesque alors que sa main gauche dicte le rythme au cajòn. Sonia bientôt réembarque sur scène pour danser sur un cante trempant à la fois dans le flamenco et dans la musique arabisante. C'est carrément sidérant de voir les influences se mélanger pour former une mosaïque prouvant hors de tout doute à quel point la musique brise les frontières.

Le spectacle se déroule trop vite, mais nous avons droit à une superbe finale, Myriam y allant de quelques pas de danse valant à eux seuls le prix du billet tellement elle embrase la scène. François me fait bien rigoler en effectuant lui aussi quelques pas de danse improvisés. C'est ensuite le triomphe dans la salle, les gens étant encore sonnés par la performance colossale dont ils ont été témoins.

Je crois que le virus de la piqûre espagnole est encore en train de se propager davantage...Et c'est tant mieux!

samedi 8 septembre 2007

Plogue: «Trash ta rentrée!»

Je viens de recevoir un courriel de mon ami Luc, animateur de l'émission Vidons la don' la question diffusée sur les ondes de CHOQ, CISM, au 101,5 FM et sur CFAK. Avec l'animateur MC Gilles, il donnera un spectacle unique en son genre au Divan Orange aujourd'hui-même, samedi. Voici le "flyer". C'était la plogue officielle de la journée.

trashtarentree

jeudi 6 septembre 2007

Mélange de genres

La musique évolue au fil des ans en se réinventant constamment. Une des façons de faire est d'appliquer le mélange des genres, souvent en joignant deux styles musicaux qui en apparence sont totalement incompatibles. Un exemple? Prenez du hip-hop, et mixez-le avec un violoniste jouant live, improvisant des pièces classiques. Le résultat est vraiment super intéressant. Chapeau aux deux gars qui ont pensé à faire ça!

mercredi 5 septembre 2007

Jam à la sauce maghrébine

Samedi soir dernier, mon pote Jérôme me contacte. N'ayant pas l'habitude de recevoir de ses nouvelles, je suis bien content de lui parler. Il se met vite à insister pour que je j'aille chez lui car il a quelque chose de spécial à me montrer. J'hésite pas mal, il est tard, je n'ai pas vraiment envie de sortir à cette heure. Mais c'est lorsqu'il me dit que je dois amener ma darbouka que l'hésitation se transforme vite en motivation. Il m'a mis la puce à l'oreille ça c'est certain!

Le temps de trente petites minutes de métro et de marche, je me retrouve chez lui, rue Saint-Denis. Et c'est là que j'ai le souffle coupé en voyant sa nouvelle acquisition. Une authentique sitar indienne, ressuscitée comme si elle venait d'être fabriquée. Elle était brisée depuis des lunes, et Jé a finalement décidé de la remettre en état en allant voir un spécialiste en la matière. Juste à voir cet instrument, j'en avais des frissons d'excitation, car j'adore la sonorité qui s'en dégage.

Bien vite, on s'installe dans son bureau, coussins par terre et thé vert à la main, et nous commençons à jammer. Dès lors, j'entends de moins en moins les voitures qui passent juste en bas sur la Saint-Denis. Je suis transporté dans un autre monde, celui du désert et de la chaleur, celui du Maghreb et de l'Arabie. C'est ce que j'adore de la musique, sa capacité à nous faire voyager en étant confortablement installée dans un appart montréalais.

Voici donc ce que ça a donné, puisque nous nous sommes enregistrés. Hormis l'horrible qualité sonore, je dois dire que comme premier jet, je trouve ça pas mal du tout. J'aimerais bien d'ailleurs avoir votre opinion là-dessus, en faisant abstraction évidemment de la qualité audio. Bonne écoute!

Pièce #1

Pièce #2

Pièce #3

Pièce #4

lundi 3 septembre 2007

Le jour «J»

L'annonce

En me réveillant ce matin-là, café à la main et consultant comme à l'habitude mes courriels et messages sur Facebook, je reçois un message de Louis qui me demande si je suis fin prêt à prendre les commandes du cours offerts aux élèves débutants en percussion africaine. Je peine à avaler ma gorgée de café, subissant ainsi une décharge électrique qui me prouve à l'instant précis que le café est une invention purement psychologique qui n'a rien de comparable au rush d'adrénaline que je suis en train de ressentir.

Sans même prendre une seconde à réfléchir si je suis réellement prêt, je laisse mes mains pianoter au clavier et pire, sans même daigner jeter un oeil sur l'écran avant de diriger mon curseur sur "Envoyer", la réponse est déjà partie dans les méandres d'Internet où elle sera lue dans à peine quelques minutes par celui qui me pousse à tenter ma chance dans l'enseignement. «Bon!», me dis-je, « Je fais quoi maintenant? ». Bravo pour la compulsivité, vous aie-je dit que c'était un trait dominant de ma personnalité?

La préparation

Étrangement, j'ai la réaction totalement inverse de ce que je serais normalement supposé ressentir, à savoir un état de stress frôlant la panique. J'ai une confiance absolue en mes moyens, je suis en forme, et je sais déjà pas mal ce que je vais avoir à montrer au groupe ce soir. Dès lors, je vaque à mes occupations quotidiennes comme si de rien n'était, attendant avec calme, mais avec une certaine hâte, l'heure fatidique où je devrai me rendre à Samajam.

Ce moment arrivant enfin, j'arrive au local un peu plus tôt que d'habitude, afin de bien me préparer et monter les instruments. Ce soir, les gens délaisseront le djembé pour les dunduns, et je dois m'assurer que tout est prêt avant le début du cours. Sans trop m'en rendre compte, je rentre dans ma bulle, dans un focus d'une telle ampleur que je ne remarque même pas les gens qui arrivent un à un. Puis, l'heure "J" arrive enfin, je m'installe derrière le djembé dont j'ai si souvent réchauffé la peau avant que Catherine ne prenne le relais pour enseigner, et je plonge.

Plonger est en effet le bon terme, puisque je suis comme un poisson dans l'eau. Tout est naturel, normal, juste, équilibré...Je commence par m'assurer que tout le monde est prêt, puis je prends la parole et je dédie mon tout premier cours à ma prédécesseure, la belle Catherine Dacjzman, qui a tout récemment quitté l'école pour se concentrer sur sa carrière de comédienne. J'entame ensuite le cours avec un échauffement basé sur le rythme du djolé, où je m'amuse à faire suer les élèves en leur démontrant la difficulté de jouer sans référence de temps. Je me surprends moi-même à leur montrer cela, puisque je n'ai aucunement planifié le coup. Je sais seulement qu'ils sont en mesure de comprendre et de réussir, c'est l'essentiel.

La dernière pièce du casse-tête

Après avoir fait monter la cadence d'un cran, ce qui est assez facile à voir selon l'expression faciale des gens, je m'installe derrière un dununba monté sur son support pour expliquer l'art de jouer des dunduns. Le dos bien droit, le haut du corps relâché, le jeu du poignet qui fléchit pour laisser la main tenant la «noix» frapper la cloche, l'autre tenant le maillet pour venir frapper en plein centre la peau de vache. La prochaine heure passe en coup de vent, tellement je suis concentré à montrer chacun des trois accompagnements. Les élèves sont super bons, la matière rentre bien, tout baigne dans l'huile...

L'apothéose du cours survient lorsque les quinze dernières minutes s'écoulent au cadran. L'énergie est à son comble malgré la fatigue, et je veux absolument que les élèves, mes élèves en fait, goûtent enfin au plaisir de jouer un rythme africain au complet, avec les trois dunduns, les cloches et les shakers. Je distribue donc à chacun l'accompagnement qu'il devra effectuer. Nous commençons par le kenkeni, suivi du dununba, suivi du sanbang. Une fois que les duns ont parti la locomotive, on ajoute les djembés, soit les quatre accompagnements du yankadi. Les lumières tamisées, l'énergie de la musique, la puissance des notes des tambours, tout se met en place, tout se verrouille ensemble, et le groupe décolle pour atteindre un nouveau plateau, un niveau supérieur.

Est-ce une simple coïncidence ou bien étais-je prédestiné à cela, je ne sais pas trop. N'empêche que ce soir-là, j'ai finalement apposé la pièce du puzzle qui manquait à ces élèves pour savourer complètement ce qu'est un rythme africain complet. Et en entendant toute la beauté et la justesse du son et l'énergie dégagée par les claquements de peau, j'ai réalisé la chance que j'avais de pouvoir être là, en ce moment même, à savourer la musique, à savourer la vie.

Le fil et le déclic

Le jam dure environ 15 minutes, et lorsque les lumières s'ouvrent à nouveau, un déclic se fait dans ma tête. Je l'entends, mais je n'y prête pas attention, enfin, pas encore. Je suis encore sur une puissante vague d'adrénaline, mais je suis fier de ce que j'ai pu entraîner et provoquer comme accomplissement musical ce soir. Ça mérite bien une bonne bière que je vais savourer entre amis sur la terrasse.

Une heure et des poussières plus tard, c'est le moment de retourner à la maison, où la belle Karine m'offre de faire un bout de chemin avec elle le temps de trouver la station de métro la plus proche. De nouveau seul avec moi-même, je retrace le fil de la soirée. Mais aussitôt, sans trop que je ne sache pourquoi, le fil s'étend beaucoup plus loin que ça. Il serpente jusqu'à mes souvenirs les plus lointains où, pour la première fois, j'ai osé toucher à un instrument de musique. Puis, en remontant le fil, je réalise, enfin, la chance incroyable qui m'est offerte.

Je dois être beau à voir dans le métro, le sourire fendu jusqu'aux oreilles et les yeux pétillants. Je m'en contrefous comme jamais. Mieux vaut mille fois être dans un pareil état. Je remonte le fil, le film de mes souvenirs. Mes jams savoureux entre amis où j'ai appris à me faire confiance et à prendre ma place. Mes premiers cours de percussions à l'UdeM où je me suis vraiment initié aux trois sons de base de l'instrument. Je me rappelle encore du tout premier spectacle à la fin de la session où mes amis étaient venus me voir, suivi d'une super belle soirée au Dieu du Ciel. Puis, il y a eu cette fameuse apparition de Samajam à la télévision avec Grégory Charles, instant où je prenais note du nom de l'école. Deux semaines plus tard, j'y mettais les pieds enfin pour la première fois.

Comme j'avais été impressionné de me retrouver face à face avec la belle Mélissa Lavergne en chair et en os! De pouvoir jouer avec autant de gens en même temps! L'été complètement fou qui a suivi, où j'ai participé à des festivals, monté des spectacles avec le grand Luc Boivin, jammé entre amis, appris à mieux me connaître lors du grand atelier, pour enfin assister des dizaines et des dizaines de fois mon amie et prof Catherine Dacjzman. Ce fut un très grand honneur que de pouvoir réchauffer la peau de son djembé à chaque début de cours...

Et ce djembé, aujourd'hui, il est rendu mien. C'est maintenant à mon tour que de porter en mon coeur cette passion, ce trésor, ce privilège que de promouvoir et enseigner les rythmes de la culture africaine millénaire. Le déclic est fait, je reprends contact avec la réalité et, la gorge nouée par l'émotion, je me retrouve chez moi, dans mon sous-sol, à lire ce message laissé sur le babillard virtuel de l'école:

À tous ceux qui n'était pas au cours jeudi.Vous avez vraiment manqué quelque chose.Nous avons trippé douns et shakers,c'était super cool!!!
Merci Martin !!!Tu vas faire un excellent prof.

À ce moment précis, j'ai fini par remonter le fil, qui est attaché à une ampoule irradiant une lumière des plus puissantes et incandescantes. Je sais enfin que je réalise un de mes rêves. 

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