mercredi 12 septembre 2012

Le rôle des dununs dans la percussion africaine

Vous avez sûrement déjà vu ou entendu, dans les pièces de percussion africaine, de gros instruments au son très grave faisant office de "batterie". Ce sont les dununs (aussi appelés doum-doum ou dunduns). Ils ont un rôle très important dans la percussion africaine, et le but de cet article est de vous introduire à l'essence de cet instrument qui est tout aussi fascinant et intéressant à apprendre que le djembé.

Le doum-doum, c'est quoi au juste?



Le doum-doum est un tambour africain qui se joue à l'aide d'un bâton au bout arrondi, assez épais. On doit frapper sur une des deux peaux, à chaque extrémité, pour produire un son. Contrairement au djembé, la peau n'est pas rasée et c'est une peau de vache. Deux sons peuvent être produit avec l'instrument, soit le son "ouvert", en laissant rebondir le bâton sur la peau, et le son dit "plaqué", où on appuie volontairement sur le bâton pour étouffer le son de la peau. La façon de tenir le bâton est très importante, aussi faut-il garder le poignet très relaxe pour ne pas ankyloser le bras. Aussi, pour éviter l'apparition d'ampoules, il faut tenir le bâton assez fermement mais sans forcer, car l'assèchement de la peau va engendrer les ampoules assez douloureuses. Il faut toujours chercher à frapper la peau au centre, et en gardant le coude le plus près possible de notre corps. Le poignet se plie au maximum pour aller chercher la plus grande amplitude possible.

Le fût de l'instrument est en bois dur et dense afin de donner un maximum de puissance au son. Les deux peaux sont reliées entre elles par une corde qui est tressée exactement de la même façon que le djembé, ce qui permet de pouvoir tendre les peaux à sa guise. Le terme dununs désigne l'ensemble des trois tambours, aussi doit-on bien distinguer chaque doum qui ont un rôle différent au sein de la percussion africaine.

La cloche

En plus du jeu de frappe sur la peau, il existe aussi les frappes sur la cloche (appelée kenken). À l'aide d'une tige métallique, le joueur de dunun frappe sur la cloche en respectant un rythme bien défini. Le mélange entre les frappes sur la peau avec le bâton en bois mélangé avec la cloche crée l'accompagnement au doum-doum. Contrairement au djembé, où une main à la fois frappe la peau, il existe des combinaisons cloche/peau sur le doum-doum. Cette différence engendre le concept d'indépendance des membres, c'est-à-dire que la main gauche joue quelque chose alors que la main droite fait autre chose, et ce, sur deux "sous-instruments" (peau et cloche) complètement différents. Cela représente au départ un bon défi pour le joueur.

Tout comme le bâton, le maniement de la tige est très important. Ici, le poignet doit être le plus flexible possible, et la tige doit tenir dans la main de façon à ce qu'elle ne tienne à peine dans les doigts. Ainsi, la détente des muscles vous permettra de pouvoir jouer rapidement plus longtemps. Il faut toujours commencer le rythme en gardant un maximum de détente, car le réflexe du corps est de se crisper à la moindre augmentation de la vitesse.

Le sangban



Des trois dununs, c'est le plus important. Il est considéré comme le coeur du rythme, le noyau. C'est souvent grâce à la mélodie du sangban qu'on réussit à déterminer de quel rythme il est question. C'est le doum de taille moyenne dans une batterie. C'est par conséquent celui qui produira un son de tonalité moyenne. Dans les rythmes de type dununba, c'est l'instrument qui va chauffer le rythme pour les danseurs.

Le kenkeni



C'est le plus petit des trois dununs. Il produira donc un son aigu. Mamady le présente comme le "sel et le piment" du rythme, car il agrémente de belle façon la mélodie. La plupart du temps, ce sera le métronome du rythme et l'oreille du djembéiste s'y fiera beaucoup pour déterminer la vitesse avec laquelle il doit jouer son accompagnement.

Le dununba



C'est le plus gros des trois dununs, et celui qui produira le son le plus grave (et le plus puissant). Ce tambour donne toute la puissance et la chaleur au rythme. Il est très étroitement lié au soliste dans un rythme, car souvent, le joueur de dununba sera appelé à appuyer le solo en effectuant des variations dans son accompagnement, et même en sortant complètement de sa partition, surtout lors des chauffés.

L'interaction des dununs dans le rythme

À eux trois, les dununs forment "un rythme dans le rythme". C'est l'élément clé pour identifier plusieurs des pièces africaines. Par exemple, tous les rythmes de la famille des Dununba (la danse des hommes forts) possèdent les mêmes accompagnements de djembé. Ce sont les dununs qui diffèrent à chaque fois, permettant de pouvoir les identifier.

Également, tous les vocabulaires de solo, que ce soit des improvisations ou des techniques de solo, s'appuient sur la rythmique des dununs dans un rythme. Par exemple, le soliste va souvent appuyer les frappes du dununba en toniques ou claqués pour accentuer son solo. Aussi, le soliste peut remplir tout l'espace de la cloche du dununba avec son solo, puis garder silence lorsque la peau se fait entendre, afin de conserver un équilibre et une complémentarité dans le rythme. Le but ultime étant toujours de stimuler l'audition du spectateur en conservant l'uniformité des différents types de sons.

Les différentes façons de jouer

En Guinée, les dununs, la plupart du temps, sont joués à l'horizontale, un percussionniste par instrument. Au Sénégal, il n'y a qu'un joueur qui jouera les trois dununs à la verticale, en mode "batterie", sans les cloches. Au Mali, les cloches peuvent être jouées séparément des dununs, à la guise des joueurs. Avec la tradition qui s'amenuise et avec les nouvelles générations de percussionnistes, ces "lignes de conduite" ont tendance à vouloir s'estomper et il n'est pas rare de voir un mélange de toutes ces différentes manières de jouer.

Il est important de savoir qu'en Afrique, les nouveaux joueurs sont d'abord initiés aux dununs avant même de toucher aux djembés. Cette approche leur permet de pouvoir distinguer les différents rythmes, de pouvoir déterminer leur point de départ et d'arrivée, et surtout, d'aiguiser leur écoute musicale. Ainsi, l'apprentissage des accompagnements de djembé par la suite est beaucoup plus rapide.

Mamady vous explique les dununs

Pour terminer cet article, quoi de mieux que la référence du djembé qui vous explique ce que sont les dununs! Pour les curieux, le rythme joué à la fin du vidéo, où on entend clairement les trois interactions des dununs, est le Fankani.




Djembé vs Dununs

Et vous, aimez-vous plus jouer le djembé ou bien les dununs? Pour ma part, j'adore les deux instruments, qui me procurent vraiment des sensations différentes. En tant que dununfola, la responsabilité qui m'incombe est très importante, car souvent, je suis seul à jouer (en formule batterie par exemple). Si je ne conserve pas la bonne vitesse, les djembéfola auront de la difficulté à garder le tempo, et si le contexte de jeu se jumelle avec la danse, alors là, il faut redoubler d'ardeur. Le jeu des dununs est extrêmement physique, aussi je vous recommande de bien vous étirer les muscles dorsaux et des bras avant de commencer à en jouer. Le mot-clé ici est la détente!!

Comme d'habitude, j'aimerais bien que vous me fassiez part de vos trucs et astuce pour bien jouer de cet instrument, ainsi que vos anecdotes de jeu reliées à ces tambours!

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