mardi 11 septembre 2007

Piqûre espagnole (bis)

J'ai déjà été atteint d'une piqûre espagnole une fois, lorsque je suis allé voir pour la toute première fois un spectacle de flamenco offert par François Taillefer, mon prof de percussions méditerranéennes, et la grâce en personne, Myriam Allard, une, sinon la danseuse la plus talentueuse du genre au Canada. Je m'en souviens comme si c'était hier, tellement ce spectacle m'avait marqué par sa grâce, sa puissance et son intensité à la fois musicale et théâtrale. La Salla Rossa était pleine à craquer. C'est pourquoi j'attendais avec impatiente le deuxième spectacle de flamenco donné par François, dimanche dernier, à la Place d'à Côté, sur Papineau.

Comme à mon habitude, j'arrive là-bas quinze minutes après huit heures, complètement en retard. La place est bondée de monde, car c'est l'événement du mois de la Pena Flamenca de Montréal. Je repère très vite parmi les têtes mes amis qui sont attablés au centre de la salle. L'atmosphère est très joviale. Je repère François et le salue rapidement, ce dernier étant en pleine préparation de dernière minute. Il fait chaud, la soirée est magnifique, et j'ai bien hâte de pouvoir goûter au suc mi-sucré, mi-amer de cette musique. Sur scène, je distingue le cajòn de Francois, la guitare classique, et des tabourets. Je me demande bien ce que j'aurai le bonheur d'entendre dans à peine quelques minutes.

Finalement, les lumières de la salle se tamisent, l'animatrice présente le groupe et les musiciens, et elle se retire. Puis, deux palmeras s'avancent sur scène, deux demoiselles dont une me dit vaguement quelque chose, mais je n'ai pas vraiment la chance de voir qui c'est, étant donné le faible éclairage. Puis, le guitariste, le chanteur et François s'amènent sur scène. Les lumières s'allument, et quelle n'est pas ma surprise de revoir Myriam Allard en chair et en os, assise à la place du palmeros. Après tout, c'est bien logique, ce sont ses élèves qui nous en metteront plein la vue ce soir.

Les deux bailaoras s'exécutent dans la première partie du spectacle avec une sensualité, une présence, et avec une aura très puissante. La première, petite et d'origine Asiatique, est très agile avec son corps à dicter le tempo sur le cante, la pièce musicale. La deuxième danseuse est beaucoup plus ferme, affectuant ses pas sur une bulerìa, soit un des multiples palos, qui s'apparente au style, à la forme musicale de la pièce. Le guitariste insuffle quant à lui une liquidité au rythme, à la danse, tandis que François dicte le compas du rythme, la pulsation, avec son cajòn.

Tout est dans l'émotion avec cet art, et les rythmes le rendent tellement bien. Ce sont les danseuses qui dictent quoi faire aux musiciens, sans parole, tout étant dans la sensation du rythme. C'est la magie du baile en flamenco, le solo de la danse, où la danseuse frappent avec ses pieds le sol, tout en faisant bouger ses mains dans les airs avec la grâce et l'agilité des branches d'arbres qui se bercent dans le vent.

La deuxième partie du spectacle est encore plus relevée, car il y a un beau mélange de styles qui se crée devant nous. François ayant invité un contrebassiste et un flûtiste à l'accompagner sur scène, ce trio interprète une première pièce à la contrebasse, au cajòn et à la flûte aux arômes de flamenco saucé d'effluves d'Arabie, où le public part définitivement en voyage. François est tout simplement stupéfiant, assis sur son cajòn, avec la main droite frappant un duff gigantesque alors que sa main gauche dicte le rythme au cajòn. Sonia bientôt réembarque sur scène pour danser sur un cante trempant à la fois dans le flamenco et dans la musique arabisante. C'est carrément sidérant de voir les influences se mélanger pour former une mosaïque prouvant hors de tout doute à quel point la musique brise les frontières.

Le spectacle se déroule trop vite, mais nous avons droit à une superbe finale, Myriam y allant de quelques pas de danse valant à eux seuls le prix du billet tellement elle embrase la scène. François me fait bien rigoler en effectuant lui aussi quelques pas de danse improvisés. C'est ensuite le triomphe dans la salle, les gens étant encore sonnés par la performance colossale dont ils ont été témoins.

Je crois que le virus de la piqûre espagnole est encore en train de se propager davantage...Et c'est tant mieux!

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