mercredi 29 octobre 2008

Comment bien jouer en groupe ?

Lundi soir, passé 21h, je suis en train de jouer le rythme Tiriba avec mes compagnons, sous l’égide de la belle Mélissa Lavergne qui veille à ce que tout soit harmonieux à l’oreille. Or, elle a tôt fait de tout faire arrêter, puisque le mot harmonie semble avoir été oublié dans l’inconscient de tout le monde…Il y a une cacophonie indescriptible qui règne dans le local, le groupe étant totalement déconnecté. Cette petite anecdote m’amène donc à vous parler aujourd’hui de l’importance de savoir jouer de la percussion en groupe.

Avant d’aller plus loin, je vous invite à aller relire l’article que j’ai écrit parlant de l’apprentissage des rythmes. En fait, l’art de jouer en groupe est intimement lié aux trois étapes d’apprentissage, soit l’exposition, la consolidation et l’intégration au rythme. Plus particulièrement, c’est lors de l’exposition et de l’intégration du rythme que le risque de ne pas jouer en groupe est le plus élevé.

Deux dimensions entrent en ligne de compte dans l’art de jouer en groupe: il faut savoir s’écouter soi-même et savoir écouter les autres. Prenons le temps de décortiquer les deux aspects.

Savoir s’écouter

L’harmonie rythmique réside dans la capacité de tous les percussionnistes à exécuter leur accompagnement en sachant s’écouter. La première étape consiste donc à percevoir le son qui émane de son propre instrument pour faire en sorte qu’il soit le plus juste possible. Par justesse, je fais référence ici à la qualité des frappes et au respect du phrasé du rythme. Si les frappes ne sont pas exécutées au bon moment, le rythme perd son identité.

L’autre élément relié à cet aspect est le volume avec lequel il faut jouer. Dans un arrangement rythmique, les accompagnements servent à soutenir celui qui fera les solos, d’où le mot «accompagnement». Chaque partie du rythme doit donc être jouée avec un volume raisonnable, sans jamais aller chercher le maximum de volume avec son instrument. L’avantage de ce conseil est de pouvoir jouer longtemps sans se fatiguer, puisque plus un rythme est joué longtemps, plus la vitesse augmente, ce qui représente un beau défi pour le percussionniste (l’aspect de la vitesse sera d’ailleurs traité dans un prochain article).

Savoir écouter les autres

Bien jouer de son instrument sans chercher à battre des records en volume est une chose, mais il faut aussi savoir écouter les autres. Jouer chacun pour soi est une tendance qui s’accroît lorsque le rythme est nouveau. Le cerveau a alors tendance a prendre le dessus et à confiner le joueur dans une espèce de bulle où l’oreille ne porte attention qu’à ce qui sort de l’instrument du joueur, et non des autres. Cette propension est normale dans un processus d’apprentissage individuel, mais la percussion étant avant tout un art collectif, il faut vite s’ouvrir à l’environnement sonore extérieur. Voici donc quelques trucs qui vous permettront de pouvoir éviter d’emblée à être pris dans ce piège:

  • La posture: Rester droit et éviter de courber le dos. Plus vous serez détendu, plus votre oreille aura tendance à percevoir un son global et non focuser sur ce que vous êtes en train de faire en oubliant l’extérieur.
  • Les doum-doum: La base du rythme étant les doum-doum, l’oreille devrait tout de suite avoir le réflexe de porter attention à cet instrument. Vous saurez ainsi beaucoup plus à même de respecter la bonne pulsion.
  • Les pas: Jouer sans bouger est vraiment à éviter, même lorsque vous êtes en train d’apprendre un nouveau rythme! Si tout le groupe bouge selon le même pattern et dans la bonne direction, alors le rythme ira “s’appuyer” selon ces bases, forçant ainsi l’oreille à prendre conscience de ce qui se passe.
  • Un rythme intégré est mieux qu’exposé: Cet aspect est le plus important. Jouer en garantissant votre confort! Dans des situations où le rythme doit être joué pendant un long laps de temps, optez toujours pour l’accompagnement avec lequel vous êtes le plus à l’aise. Rien ne sert de se donner un défi insurmontable! Ainsi, si l’accompagnement est intégré pour vous, si vous n’avez plus besoin de fournir d’effort mental pour l’exécuter, il vous sera beaucoup plus facile de pouvoir le jouer en écoutant ce qui se passe autour.

Et si jamais je me perds?

En processus d’apprentissage, il est normal de faire des erreurs, cela fait partie du jeu. Et lorsqu’on joue en groupe, cela peut avoir un impact significatif si on ne respecte pas certaines règles. Que faire donc si on se trompe? Doit-on arrêter complètement de jouer? Ou au contraire essayer de continuer et espérer ainsi rattraper notre erreur? Et bien, la réponse est simple: il vaut mieux, dans le cas où vous êtes incertains si vous respectez la pulsion et/ou si vous faites le bon accompagnement, d’arrêter de jouer. Cela peut paraître drastique et contradictoire, mais il vaut mieux prendre quelques secondes pour prendre conscience où le groupe est rendu dans le rythme. Voici les éléments à surveiller lorsque vous arrêtez, et les étapes à effectuer pour reprendre votre place au sein du groupe.

  • Réflexe #1: Écouter les doum-doum. C’est la première chose afin de repérer le tempo du rythme.
  • Réflexe #2: Les pas. Accordez ensuite vos pas avec la pulsion dictée par les doum-doum. Regardez aussi vos comparses, leurs pas vous donneront l’heure juste.
  • Réflexe #3: Le premier temps. Ce réflexe est plus difficile puisqu’il demande concentration et une réaction rapide. Essayer de discerner où le premier temps du rythme se situe. Et à partir de ce moment, faites des basses qui s’accordent avec vos pas.
  • Réflexe #4: Reprendre le rythme. L’étape finale de récupération est de rejouer le rythme à la bonne vitesse. Le 3e réflexe vous ayant aidé à retrouver cette vitesse, il ne vous reste plus qu’à repérer visuellement dans le groupe un de vos collègues qui jouent le même accompagnement que vous et de visuellement vous synchroniser. Dans le cas contraire, fiez vous aux doum-doum et aux autres accompagnements.

En résumé, il est impératif pour tout percussionniste de trouver sa zone de confort, et de respecter ses limites. L’art de jouer en groupe requiert beaucoup de pratique, une bonne dose d’humilité et un dosage de ses énergies. Par contre, c’est un des meilleurs exercices qui soit pour se garder en forme et avoir du plaisir en groupe!

Derniers articles parus

Template developed by Confluent Forms LLC; more resources at BlogXpertise