mardi 3 mars 2009

Mon expérience avec Céline Dion et Star Académie

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Lundi dernier, j’arrive à Samajam et aussitôt, je suis convoqué dans le bureau pour me faire annoncer que notre école va faire partie du gala dominical de Star Académie avec nul autre que notre Céline nationale. «Pardon?» Ce fut ma seule réponse qui sortit de ma bouche en entendant cette annonce. Et pourtant, quelques jours à peine plus tard, je recevais un courriel détaillant les dates et lieux des répétitions.

Bon, me dis-je, comment diable se préparer mentalement à apparaître dans le show de télévision le plus populaire de l’heure au Québec? Et avec la chanteuse la plus célèbre de la planète? L’expression deux poids, deux mesures prend ici tout son sens…Chose certaine, avec un tel show de télévision diffusé en direct, l’occasion est trop belle pour ne pas livrer le meilleur de soi-même ne serait-ce que deux minutes.

Anatomie musicale

J’entame donc la première répétition vendredi soir dernier, où de 22h le soir à près d’une heure du matin, nous écoutons notre maestro François Taillefer qui a concocté les lignes musicales de samba brésilienne que nous jouerons en compagnie de l’orchestre maison de Star Académie. Notre batucada est composée de surdos, repique, tamborims, agogos, caixa et timbaù, mon instrument désigné. Se jouant comme un djembé africain, je vais jouer aux côtés de mes amis africains Cheick Anta et Sadio. Notre mandat est de performer deux pièces musicales faisant partie du medley d’ouverture de Céline, soit I’m Alive et Dans un autre monde. Nous devons donc apprendre par cœur l’emplacement des breaks, des silences, des refrains…C’est un vrai travail de chirurgien, car il faut décortiquer chacune des chansons, en souhaitant, bien sûr, que le tout demeure tel quel lors de la répétition en studio le lendemain.

C’est la tête complètement pleine et saturée de rythmes et d’appels que je m’écrase sur mon oreiller, en ayant bien hâte que le matin se manifeste, quand même…

Répétition avec une grande dame

C’est par un samedi matin froid et ensoleillé que nous arrivons par petits groupes dans la Cité Mel’s, immense bunker qui abrite l’énorme studio de Star Académie. Aussitôt escorté par des employés des Productions J, nous faisons le tour du studio et je n’ai pas assez d’yeux pour contempler l’incroyable dispositif scénique déployé devant moi. Une intense œuvre technologique est déployée devant mes yeux, allant des lumières de toutes les couleurs aux écrans laser dernier cri, aux plateformes hydrauliques, à l’escalier central coulissant. Des dizaines de techniciens s’affairent dans tous les coins du studio à peaufiner chaque détail.

En arrivant dans notre loge, il y a déjà pas mal de monde. Nous partageons les locaux exigus avec un autre groupe qui est une école de Capoeira brésilienne, invitée elle aussi pour danser sur notre musique! Ce sera certes un moment fort de la saison de Star Académie que nous allons créer ensemble! Bien vite, une responsable vient à notre rencontre et nous invite à descendre en studio pour la toute première répétition avec l’orchestre et les académiciens. Jean Lamoureux, maître d’œuvre des galas, orchestre tous les tableaux avec grande parcimonie. Appelant tout le monde à se taire pour entamer la répétition du Medley d’ouverture, je m’assois dans les sièges réservés au public pour regarder pour la première fois ces désormais célèbres 12 personnes qui voilà un mois à peine étaient de purs inconnus, tout comme moi.

En guise de Céline provisoire, je dois dire que Suzie Villeneuve se tire drôlement bien d’affaire. Sa voix puissante et mélodieuse simule très bien ce à quoi les recrues de la chanson devront composer pendant leur numéro. Pendant que chacun y va avec sa chanson, deux personnes scrutent leurs moindres faits et gestes avec des yeux de lynx. Il s’agit de Johanne Blouin, le coach vocal, et Geneviève Dorion-Coupal, coach chorégraphe. Je suis pas mal impressionné par la qualité de la prestation offerte par les candidats, ils sont réellement à l’aise malgré la tornade qui s’agite autour d’eux.

Bien vite, notre tour est arrivé. Une horde de techniciens de son vient à notre rencontre pour apposer des micros de tout acabit sur nos instruments. Chacun ou presque est muni de son microphone. Tout se met finalement en place pour la répétition de la finale du Medley. Je sens l’excitation monter d’un cran en voyant l’orchestre de Scott Price entamer les premières notes de I’m Alive.

Rien n’étant parfait dans la vie, je peux qualifier cette première prise de carrément catastrophique. Rien ne fonctionne, mes oreilles n’entendant absolument rien de musical. C’est malheureusement les aléas de la télévision…Avec ce que j’ai comme bagage dans le domaine, je me souviens très bien de la loi qui dit que plus une pratique est mauvaise, meilleur est le spectacle en bout de ligne…Et je prie pour que ça soit encore le cas! Nous reprenons deux ou trois fois les deux pièces musicales, et malgré les ajustements apportés à l’amplification des basses fréquences de la batterie, rien n’y fait. Il va falloir pré-enregistrer notre partie si nous voulons que le tout sonne adéquatement à la télé.

Après une pause repas bien méritée, une jolie dame vient nous dire que Céline est prête pour la répétition avec une demi-heure d’avance sur l’horaire. Nous retournons donc en studio et, assis sur ma chaise dans l’espace du public, je regarde ce qui se passe devant moi et c’est à ce moment que je la vois, à quelques mètres seulement, Céline Dion en chair et en os…Non, je ne suis pas tombé évanoui, mais l’effet est quand même impressionnant malgré tout. Elle discute avec René et très vite, elle prend le total contrôle du plateau.

On dira ce qu’on voudra de Céline, qu’on l’aime ou non, mais depuis l’expérience de Star Académie, mon opinion à son sujet a un tantinet changé. Son aplomb et son assurance sont totalement impressionnants. Elle a tellement de métier derrière la cravate qu’elle maîtrise son environnement comme personne. J’imagine que c’est la clé de son succès. Cette attitude archi professionnelle mais qui ne tombe jamais sur les nerfs de personne parce qu’elle sait demeurer terre à terre. Et que dire de sa voix…Une maîtrise hors du commun de ses cordes vocales! Elle dicte aux techniciens de sons les moindres détails du rendu sonore qu’elle désire et ce, sans jamais perdre patience. Surprenant et amusant à la fois!

J’ai assisté à un très beau moment lorsque j’ai pu voir du point de vue du public la toute première rencontre musicale entre les académiciens et Céline. L’émotion était à son comble pour certains, leur rêve se réalisant de chanter avec la plus grande de toutes. Et je peux vous assurer que rien de tout cela n’était arrangé…Ça respirait la sincérité et la spontanéité, et Céline, avec grande classe, a rassuré chacun des participants avec son sourire, sa bonne humeur et son sens de l’humour sans limite.

Nous avons pratiqué une dernière fois avec elle, et cette fois notre groupe avait gagné en assurance et en aplomb, amenés certainement par cette grande dame de la chanson. Et on est parti à la fin de cette journée de répétitions avec le sourire aux lèvres, convaincus de notre potentiel de réussite le lendemain!

Le jour J

Lorsque j’arrive au studio le lendemain pour le pré-enregistrement, je prends un grand plaisir à m’installer à nouveau dans la zone du public pour voir le groupe The Lost Fingers interpréter le classique de Céline, Incognito. Les voir chanter cette pièce en compagnie de l’interprète originale est certes surréaliste, et à voir leur regard, je pense qu’ils sont d’accord avec moi. Céline est encore une fois très généreuse de son temps et de son énergie. Le numéro est sans aucun doute mon préféré de tout ce que j’ai pu voir jusqu’à maintenant.

Il y a eu par la suite une nouvelle répétition de ce que j’avais déjà vu la veille, soit la performance du Medley d’ouverture de chaque académicien ou presque avec la diva québécoise. À nouveau, j’ai été subjugué par le naturel et la capacité qu’a Céline de mettre à l’aise les recrues, et surtout de leur donner toute la place. En plus de Céline, Julie Snyder a fait son apparition avec son micro et…son bébé! C’est ce qu’on appelle être maman à temps plein! Bref, peu à peu, le gala prenait forme devant moi, morceau par morceau, comme un gigantesque casse-tête.

Après de longues minutes, nous avons eu le feu vert pour nous installer et amorcer le pré-enregistrement de nos deux pièces. Nous étions quelques minutes auparavant en train de répéter vocalement nos parties dans les coulisses, et la chorale percussive que nous faisions a attiré les regards curieux de quelques académiciens. Le même manège que la veille s’est répété avec l’installation des micros et j’ai eu la chance de porter d’énormes paires d’écouteurs pour entendre la trame sonore de l’orchestre de Scott Price!

C’est sous le clic du métronome et en formation légèrement réduite que nous avons terminé la prise de son de notre prestation, et après deux ou trois prises, Scott a levé son pouce en l’air et nous avons poussé un soupir de soulagement. Peu importe comment cela se passerait ce soir, une chose était sûre, le son n’était plus un problème.

Le reste de notre groupe est venu nous rejoindre afin de pratiquer une dernière chose: l’entrée et la sortie de scène. Pas une mince tâche avec tout l’attirail que nous devions apporté avec nous en une petite minute, et ce, en plein milieu d’un numéro…La chorégraphe Geneviève nous explique également que nous devons être le plus discret possible sans faire de bruit. J’avais en tête l’image d’un troupeau d’éléphants qui marche sur de la vitre…Après deux ou trois tentatives, chronomètre en action, nous réussissons à satisfaire aux demandes, et nous sommes relevés de nos fonctions pour aller nous remplir l’estomac avant le grand moment.

Nous redescendons en coulisses peu après 18h30, soit une heure avant le lancement de l’émission. Cette fois, la zone du public est pleine à craquer. Pas un pouce carré n’est libre. Les deux animateurs de foule sont en train de préparer leur public. Nous devons nous accoler le plus possible contre les murs pour laisser la place aux caméramans qui courent dans tous les sens. L’adrénaline est palpable partout autour de moi. Dans quelques minutes, plus de deux millions de personnes vont regarder ce que j’ai eu la chance de voir germer depuis deux jours. Tout un sentiment.

Julie va saluer le public une dernière fois, leur souhaite une belle soirée, puis, les projecteurs s’allument, la musique démarre, et les académiciens apparaissent un à un pour interpréter le thème musical de l’émission. En vrai, tout est plus grand que nature. Julie fait ensuite son apparition, souhaite la bienvenue au public, présente les candidats, puis, un vidéo de Céline est projeté, et c’est finalement réel, la diva québécoise fait son entrée sur la scène.

Elle est incapable de commencer à chanter tellement le rugissement dans la salle est intense. J’aperçois une immense banderole sur laquelle est marquée: «On t’aime Céline». Elle s’arrête et prend le temps de savourer le moment. Du point de vue où je suis, je la vois de dos, et j’ai seulement à abaisser mes yeux pour la voir dans l’écran cathodique devant moi. Et lorsqu’elle se met à chanter «Ce n’était qu’un rêve» a cappella, j’ai la chair de poule tellement c’est plus réel que réel.

J’ai à peine le temps de me remettre de mes esprits qu’un garde du corps en veston cravate escorte Julie jusqu’à son miroir qui est situé tout juste à côté de moi. L’animatrice est aussitôt assaillie par ses stylistes et maquilleuses qui la coiffe et la décoiffe. De proche, son maquillage est absolument intense, télé oblige. Et c’est à ce moment que je découvre à quel point cette femme est investie corps et âme dans ce projet qui a des allures titanesques. Elle a la larme à l’œil de voir ses académiciens aussi bien performer, et aussitôt, son visage est imprégné de colère parce que le public ne semble pas assez réagir à son goût. Vraiment, j’étais complètement plongé dans une bulle que peu de gens ont la chance de pouvoir percer.

Le temps file comme l’éclair et c’est bientôt notre tour de monter les marches menant à la grande scène. Montant la dernière, je prends un grand souffle et je me dis «Ça y est, une autre expérience incroyable à mettre dans mon bagage». Je file jusqu’à ma place, je souris à tout rompre et je plonge dans le moment présent. Dès les premières notes de la pièce I’m Alive, je supplie pour que tout se passe bien et que les notes sonnent dans les bons temps. Et lorsque je me mets à jouer du timbaù, je me rends compte que la magie du direct fait son œuvre, notre batucada sonne extrêmement bien, donnant un aplomb et une saveur toute spéciale pour ce moment unique. Les pauses, les montées, les breaks, tout défile à la vitesse de l’éclair. Et lorsque le punch final arrive, c’est dans un feu d’artifice de musique et de lumières que la pièce prend fin, et que je réalise seulement à ce moment ce qui m’arrive. «Et oui mon vieux, tu viens de jouer avec Céline!»

L’ovation monstre qui a suivi dépasse l’imagination. Je fus littéralement transporté par cette vague qui a déferlé dans le studio. C’était vraiment quelque chose d’incroyable. Et d’avoir pu participer à cette vague a été pour moi un moment que je n’oublierai pas de sitôt.

De l’autre côté de l’écran

Lorsque nous sommes partis des studios Mel’s, le gala n’était pas encore terminé. Et lorsque je suis arrivé chez mon amie Mélanie pour visionner le résultat, j’ai pu voir Céline chanter à la télé sa chanson Incognito avec les Lost Fingers. Sans trop le réaliser, dans la même journée, j’ai pu figurer des deux côtés de l’écran. Et voici ce que ça donne! Je suis pas mal fier du résultat malgré le fait qu’on ne nous voit et on ne nous entend pas beaucoup. Je m’en fous un peu, je peux dire que j’ai joué avec Céline Dion une fois dans ma vie après tout…

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