dimanche 23 janvier 2011

Salut Gaston!

Le 7 janvier dernier, en consultant les dernières nouvelles de l’actualité, je fus pris par surprise par la nouvelle de la mort de Gaston L’Heureux. Pour les lecteurs d’Europe fidèles à mon site, cet homme a été l’équivalent au Québec de Michel Drucker. Gaston L’Heureux représentait la crème du milieu télévisuel québécois, ayant animé des émissions de toutes sortes sur tout les sujets, et ayant interviewé d’éminentes personnalités médiatiques. Le destin l’a très durement frappé en 2007, où, victime d’un grave accident de voiture suite à un malaise cardiaque, il perd l’usage de ses jambes et devient paraplégique.

Avant mon arrivée au Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, je ne connaissais l’homme que de nom, l’ayant vu à quelques reprises à la télévision. Lors de ma troisième semaine de cours au centre, en octobre 2008, j’ai eu la chance de rencontrer Gaston pour la première fois. Il est apparu tout bonnement dans la salle de cours avec les autres participants. Je le reconnus tout de suite, puisque son histoire m’avait profondément touché lorsqu’elle est arrivée quelques mois auparavant. Je me souviens d’avoir été sous l’emprise d’une grande timidité, connaissant la renommée de l’homme à l’allure chétive qui se tenait devant moi, confiné à son fauteuil, sa main ayant troquée le micro pour la manette qui contrôlait son véhicule.

Ce contraste frappant disparut aussitôt que le cours commença, les autres participants invitant Gaston à prendre un djembé et à jouer avec eux. Car ici, personne n’appelait Gaston par le sobriquet “M. L’Heureux”. C’était toujours par Gaston tout court. Et ce dernier avait une mémoire phénoménale. Il se rappelait des histoires personnelles de tous, et à chaque fois qu’il arrivait, il demandait des nouvelles à chacun sans jamais hésiter sur un prénom, un lieu, un événement…Comme quoi son accident avait été concentré à 100% dans ses jambes, et n’ayant laissé aucune trace à sa tête…

Gaston “tout court” avait entendu parler de la nouvelle initiative de Claudine, éducatrice du Centre Lucie-Bruneau, de partir un groupe de percussions africaines avec des personnes handicapées. Et comme Gaston animait une nouvelle émission de radio dédiée spécialement à la cause des handicapés, il était venu constater de ses propres yeux les retombées de cet atelier. Depuis ce jour d’octobre 2008, Gaston a été un des portes-paroles les plus fidèles et les plus croyants à cette activité.

Je me souviendrai toujours lorsqu’il s’était approché de moi lors de cette fameuse soirée du 25 novembre 2009, où j’avais dirigé le groupe en accompagnant les Lost Fingers sur scène, dans le cadre de la soirée de la Fondation, dont il était le fier porte-parole. Malgré l’immense fatigue qui le tenaillait sans cesse, ses yeux m’ont transmis toute l’énergie nécessaire pour mener à bien ma tâche de “direction musicale”. Ce fut un souvenir extraordinaire, l’échange avec lui ayant eu lieu en coulisse, tout juste avant de monter sur scène. Le spectacle a été un aboutissement formidable pour la cause des personnes handicapées, où, pour l’instant d’une soirée, d’un court moment sur scène, les participants ont été libérés de leur prison corporelle.

Si je continue encore à croire en ce projet, et à continuer d’enseigner aux personnes en réadaptation physique du Centre Lucie-Bruneau, je le dois en grande partie à la contribution de Gaston L’Heureux, qui d’ailleurs n’a jamais autant si bien porté son nom. Et désormais, chaque lundi après-midi sera dédié à sa mémoire, afin que sa combativité et sa soif de vivre demeurent bien présentes au sein du groupe et de la musique que nous créerons à chaque semaine.

Salut Gaston!

Je vous laisse le vidéo de cette fameuse prestation lors de la soirée du 25 novembre 2009. Je dédie spécialement ce numéro à Gaston L’Heureux.

Prestation des percussionnistes du Centre Lucie-Bruneau–25/11/2009

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