dimanche 9 mars 2008

Des mots pour oublier les maux

En ce soir d'hiver où Dame nature ne cesse de vouloir laisser sortir sa colère, où les congères s'accumulent, épaississant le tapis blanc recouvrant les restes de couleurs foncées sur le sol, je suis au chaud dans mon igloo pour écrire un nouveau texte, assis devant mon écran, pianotant sur le clavier. Une autre grosse semaine est sur le point de prendre fin, et je ne peux passer sous silence la fabuleuse soirée de mercredi soir, où, malgré la fatigue et un début de bronchite, j'ai enseigné à un groupe d'étudiants vraiment doués, allumés et qui en un rien de temps m'ont fait oublier tous mes maux.

J'avais bien hâte à ce cours, ne serait-ce que pour mettre un baume sur une journée amorphe et monotone. Je savais exactement quel plan de match appliquer, quelles cartes de mon jeu sortir. Jusqu'à ce qu'un coup de téléphone vienne un peu chambouler le tout. L'école m'annonce qu'une journaliste viendra suivre le cours pour écrire un papier sur l'atmosphère chez Samajam. Je me dis que c'est parfait, et que c'est une super occasion de tester ma capacité d'adaptation. Je raccroche le combiné confiant, mais en même temps, je doute de mes capacités de concentration...Le mal de gorge qui me tenaille ne semble pas vouloir s'estomper...

Sitôt arrivé à l'école, je ressens un grand soulagement en entendant déjà les tamtams et la musique sortir des structures de la bâtisse. Elle suinte déjà la bonne humeur et l'énergie, élément tellement nécessaire à mon bien-être ces jours-ci. J'entre donc à l'intérieur avec un regain de confiance, galvanisé par toute cette musique. Je me fais bientôt introduire à la charmante journaliste, je lui souhaite un bon cours, puis je retourne prendre place sur la scène, derrière mon djembé, allume mon micro, et j'y oublie aussitôt tout le reste.

Sans aucun effort, je savais exactement quoi dire, dans quel ordre, à quelle vitesse donner le cours...Essentiellement, je voulais lui donner une teinte plus spéciale. S'éloigner un peu de la routine des rythmes. Plonger dans quelque chose de plus instinctif, de plus créatif. Et lorsqu'est venu le temps de former un grand cercle avec le groupe, et lorsque j'ai placé mon djembé en plein centre, prenant une profonde inspiration pour expliquer l'art des solos, j'ai tout de suite su que ma décision était la bonne.

Les lumières du local tamisées, les élèves disposés en grand cercle, battant la mesure avec leur tambour, fournissant un filet aux mailles serrées pour les quelques courageux qui seraient pour se lancer dans quelques secondes, j'ai pris un moment pour bien apprécier le moment, saisir à cet instant précis ce que le groupe ressentait, et ça m'a tout de suite plu. Tel un colonisateur parti à la découverte de nouveaux mondes, j'amenais avec moi de nouveaux compagnons pour leur faire découvrir une terre nouvelle, un monde méconnu, celui où les barrières de la raison tombent pour laisser émerger les plus belles et plus profondes émotions.

Ce que je retiens de cette fabuleuse fin de cours, c'est chaque individu qui, bien sûr, se sont approchés d'abord timidement pour prendre place derrière le tambour que j'avais placé derrière le cercle. Chacun ont fermé les yeux, pris une grande inspiration, et ont commencé à faire leur première frappe. Puis, vint ensuite une deuxième...et une troisième...Peu à peu, les mots qui sortaient de l'instrument se mettaient à faire des phrases qui prenaient tout leur sens. Le local fusait d'une créativité sans limite. Les mots parvenaient à mes oreilles et sont parvenus, en un éclair, à me faire oublier mes maux...

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