lundi 8 octobre 2007

Taafé Fanga: un aller simple vers l'Afrique

taafé_truc18Dimanche soir, à l'Alizé, nous, les spectateurs, avons vécu un moment indescriptible, extraordinaire. Pendant deux heures, nous sommes tous tombés sous le charme de Taafé Fanga et du grand maître Billy Konaté. Ce fut bien plus qu'à la hauteur de mes attentes, et je crois bien franchement qu'il me faudra encore quelques jours pour me remettre de l'incroyable raz-de-marée d'énergie qui est passé dans la salle de l'Alizé hier soir.

J'arrive sur les lieux vers les vingt heures. Dehors, c'est la grisaille, et le froid est plus mordant, signe que l'automne s'installe. Mais, afin de dire au revoir une dernière fois à l'été qui est passé en coup de vent, rien de mieux qu'une soirée chaude à saveur africaine. En entrant dans le bar, j'aperçois mes amis qui sont déjà installés dans les fauteuils côté jardin de la scène. Tous ont très hâte que le spectacle commence. Le temps de me chercher une bonne bière, je salue Sadio et lui souhaite un excellent spectacle. Ce ne sera pas difficile, il est gonflé à bloc.

Peu à peu, les gens affluent dans le bar, et bientôt, la salle est pleine. Les musiciens s'affairent aux derniers tests de son, et nous sommes bercés par la douce musique de la kora, en guise d'amuse-gueule avant le plat principal. Puis, après une petite demi-heure, les musiciens prennent enfin place sur la scène, les lumières baissent, et les premières frappes de djembé se font entendre, accompagné de la douce mélodie des balafons.

Dès ce moment, nous sommes transportés dans les savanes lointaines africaines, dans un village de la Guinée ou du Sénégal, là où les tambours servent à célébrer la vie, à remercier la terre. Les quatres percussionnistes de Taafé Fanga sont particulièrement en forme ce soir, et les frappes de duns et de djembé se mêlent dans une musique tellement brute, pure et puissante. Tous, sans exception, avons le sourire accroché au visage, nous gavant de cette énergie.

À tour de rôle, les quatres djembéistes s'exécutent au solo, pendant qu'un des deux frères jumeaux Landry est derrière, gardien du rythme au dundun. La finesse et la justesse de leur jeu est toujours et à chaque fois incomparable, véritable coups de tonnerre dans la noirceur de la salle. Puis, le quatuor entame une salve de frappes simultanées, un cassé annonçant la bienvenue aux trois danseuses du groupe, toujours aussi radieuses, j'ai nommé Estelle Lavoie, Julie de Lorimier et Karine Hamel.

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Dès l'instant où les trois danseuses posent le pied sur scène pour effectuer leur premier pas de danse, la magie de la musique ancestrale millénaire de l'Afrique fait son oeuvre. Je suis toujours subjugué par le pouvoir que détient cette musique. L'adjonction des percussions et de la danse africaines a un pouvoir unique, il n'en fait aucun doute. Nous ressentons, en voyant de nos propres yeux les djembés et la danse, et en entendant de nos propres oreilles la musique qui vient faire vibrer notre squelette, une émotion sans pareille, une émotion viscérale. Les couleurs de la peau et les accents de la parole se mêlent et se fondent pour ne plus avoir de différences.

Le spectacle prend une toute autre tournure lorsque le grand maître djembéfola Billy Konaté monte sur scène. Ses frappes fendent l'air tel un couteau acéré, les ondes faisant vibrer le tympan avec une telle force qu'il est à se demander comment une simple main peut émettre un son aussi fort. Les bras du djembéfola se mêlent en un formidable tourbillon. Les autres membres du groupe sont "à l'abri" de cette tempête, puisque c'est le public qui la reçoit. Quel moment d'une intensité sans pareille lorsque, surgissant de nulle part, une magnifique danseuse africaine vêtue de sa robe orangée de feu vient "affronter" cette tempête. Deux tourbillons alors se mêlent, les sons viennent s'incruster aux mouvements tribaux de la danse, marquant ainsi toute la symbolique et la puissance du rythme.

L'apothéose survient lorsque Cheick Anta Faye, celui que je côtoie à chaque semaine et qui est maintenant plus qu'un simple enseignant pour moi, monte sur scène à l'invitation de Sadio. Et je suis alors témoin d'un moment qui dépasse toute logique. Aux côtés de Billy Konaté, ils ont chacun fait un solo musical hors du commun. Sur scène, ils étaient carrément des monstres sacrés du djembé, plus grands que nature.

On ne peut qu'être reconnaissant d'être vivants après une telle prestation, qui vient nous chercher jusqu'à la moëlle. Ce soir-là, le pouvoir des pagnes a encore fait son oeuvre, tellement il est grandiose!

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Photos prises lors du spectacle de Taafé Fanga aux Francofolies de Montréal en août 2007. Gracieuseté de Truc T., percussionniste.

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