dimanche 17 février 2008

Comment acheter un bon djembé ?

Comme premier article de la série "Comment jouer du tambour ? " de 2008, je vais répondre à une question qui m'a été demandée à plusieurs reprises par des élèves de l'école et par des lecteurs de mon blogue. Quelle est la procédure à suivre pour acheter un djembé de qualité, qui va produire de beaux sons, et qui ne coûtera pas trop cher ? Où vais-je trouver la perle rare ? Ces questions ne sont certes pas faciles à répondre, et il n'existe pas vraiment de réponses définitives et exhaustives. Cependant, je peux certes vous aiguiller en vous donnant quelques trucs et conseils sur l'achat d'un djembé.

Le son, d'abord et avant tout!

Avant toute chose, il est essentiel d'avoir cette prémisse en tête lorsqu'on magasine un djembé:

Un djembé de qualité doit d'abord et avant tout produire de façon claire les trois sons de base.

Souvent, en conseillant certaines personnes qui se cherchaient un premier tambour, j'ai souvent dû leur expliquer que l'aspect esthétique, souvent invoqué en premier lieu, était en fait le dernier critère sur lequel se baser pour choisir un djembé. Il faut donc faire abstraction de l'aspect visuel de l'instrument et prendre le temps de frapper la peau et d'entendre les différents sons. Tout de suite, de façon instinctive, votre oreille aimera ou n'aimera pas le son. Si l'instrument ne produit pas assez de volume, s'il y a trop d'harmoniques (les aiguës de la claque sont trop présentes), si le son est trop grave, etc..., mieux vaut laisser cet instrument de côté.

Assis ou debout ?

Le deuxième critère à prendre en considération lors de l'achat d'un djembé est la posture. Allez-vous jouer plus souvent assis ou debout avec votre instrument ? Cette question est primordiale, car le bois composant le fût de l'instrument peut être très lourd ou très léger.

À ce propos, les djembés sénégalais sont ceux dont le bois est le plus dense, donc ils sont très lourds. Il faut donc opter pour ce type de djembé si vous pensez jouer la plupart du temps assis. Les djembés provenant du Sénégal ont également un cerclage plus proéminant, c'est-à-dire que les noeuds du cordage font saillie sur le rebord de la peau de chèvre. Ce n'est pas le type de djembé à conseiller à ceux qui débutent, puisque très vite, vous risquez de vous blesser les mains inutilement.

Les djembés de type malinke ou guinéen ont l'avantage d'être sculpté avec un bois dense mais très léger, ce qui permet de pouvoir jouer debout pendant de longues périodes. Leur désavantage par contre est le prix; ils sont assez dispendieux, mais en général, de très bonne qualité, produisant un son clair avec une belle peau de chèvre semi-rasée. Ils ont aussi la caractéristique d'avoir une base très évasée, leur conférant une basse très ronde et persistante.

En magasin, demandez au vendeur de vous fournir une courroie pour pouvoir essayer de jouer dans les deux positions afin de voir si vous êtes à l'aise. En même temps, testez différents types de courroies (coussinées ou non, courroie de taille ou aux épaules, etc), afin maximiser votre confort.

Les éléments visuels à regarder

En plus du son et de la posture, différents éléments sont à examiner attentivement lorsqu'on achète un djembé.

  • Le fût. C'est l'élément essentiel de l'instrument, il s'agit du bois sculpté composant le corps du djembé. Examinez attentivement son allure afin de détecter toute imperfection. Des craques, des failles ou des trous peuvent compromettre le son et sont souvent des indices d'un défaut de fabrication à ne pas négliger.
  • La peau. Évidemment, même si le fût est d'excellente qualité, le son qui en sortira ne sera jamais aussi riche que si une peau de chèvre de qualité soit apposée dessus. Vérifiez que la peau ne soit pas trop mince, qu'elle soit installée de façon adéquate (la colonne vertébrale, soit le pli longitudinal de la peau, se doit d'être la ligne de démarcation centrale du cerclage), et que son rebord ne présente pas déjà des égratignures ou des signes de fatigue (trous, replis, bosses ou creux, etc.).
  • Le cordage. En regard avec la peau, la meilleure peau de chèvre possible apposé sur le meilleur fût ne pourra produire un son optimal que si le cordage et le tressage soit de qualité. Ici, je ne suis pas très familier avec les différents styles de cordage, mais la corde doit être assez épaisse et ne doit pas avoir de signe d'usure prématurée telle que des effilochures. Regardez les mailles (les noeuds présent tout le tour du cerclage) et notez s'il sont assez tendus. Finalement, regardez la tresse au bout du cordage et vérifiez qu'elle soit bien lassée pour éviter une détente prématurée de l'ensemble de la corde.
  • Le diamètre du fût. Il existe une panoplie de djembés sur le marché possédant divers types de diamètre. Il est important de voir à ce que le djembé ne soit pas trop de petite dimension car plus le djembé est petit pour vos mains, plus il sera difficile d'en tirer des sons de qualité. Pour vérifier le diamètre, si vous apposez vos deux mains en «pointe de tarte» sur la peau du djembé, elles doivent grosso modo occuper le tiers de sa surface. Pour un adulte, en moyenne, un diamètre de 12 ou 13 pouces est adéquat.
  • Les points de contact. Cet élément est surtout pertinent si vous planifiez de jouer debout. En plaçant le djembé avec une courroie dans cette posture, regardez attentivement si le fût entre en contact avec vos mollets et votre taille. Si c'est le cas, bougez un peu de gauche à droite et vérifiez s'il y a du frottement. J'ai déjà vu des élèves sortir des cours avec des ecchymoses assez prononcées car le djembé était inadéquat pour leur posture, frottant constamment sur leurs jambes. Évidemment, en position assise, ce problème s'élimine d'emblée. Par contre, il va falloir prendre en compte la surface sur laquelle repose la base du fût. Il faut que cette surface soit antidérapante pour éviter que l'instrument ne bouge sans arrêt. Certains djembés auront des capuches en caoutchouc à leur base pour remédier au problème. Sinon, munissez-vous d'un tapis ou d'une serviette pour vous assurer de ne pas égratigner votre djembé ou votre plancher !

Tambour à corde ou à clé ?

Deux types de djembés existent en Amérique du Nord. Les tambours à cordes, la plupart du temps importés directement d'Afrique et les tambours à clés, usant d'une quincaillerie comme système de tension de la peau. Au Québec, le pionnier dans ce dernier type de tambour est sans contredit Michel Ouellet, fondateur de l'entreprise Moperc. Cette petite compagnie fabrique des tambours de tous les styles en utilisant des systèmes de clés pour tendre la peau, ce qui leur confère des avantages indéniables quant à leur rapidité à calibrer le tambour pour s'assurer d'obtenir un son idéal. Ce tambourier utilise le frêne comme matière première pour le fût, respectant les normes traditionnelles de fabrication des djembés.

Si vous vivez dans un endroit où il règne beaucoup d'humidité, et où le climat est très variable, comme ici, au Québec, si vous transportez fréquemment votre instrument, et si vous êtes rétissant à défaire le cordage d'un djembé traditionnel, optez pour ce genre de tambour. J'ai commencé moi-même à jouer avec un tambour Moperc et je n'ai certes pas été déçu. Ils sont vraiment très bien fabriqués, si ce n'est de la peau que je trouve trop rasée et trop mince. Mais, cela ne pose aucun problème si vous débutez dans l'apprentissage du djembé.

Où acheter ?

Cette question n'est pas facile à répondre, puisque la plupart des magasins d'instruments de musique sont généralistes et n'offrent pas un choix exhaustif de tambours africains. Souvent, les djembés sont de piètre qualité, trop petits, ou fabriqués avec des matériaux inadéquats ou synthétiques. C'est pourquoi il faut user de parcimonie dans le choix offert dans les grands magasins. Certes, un vendeur qui est percussionniste et qui joue toujours (ou qui a déjà joué) d'un instrument tel que le djembé va grandement vous aider, en vous mettant en confiance. Osez toujours demander ce que le vendeur du commerce connaît dans le domaine. Examinez son attitude, son "non verbal".

Si vous pensez un jour suivre des cours de percussions, aller jeter un oeil dans les écoles de percussion, si vous en êtes capables. Garanti que vous recevrez des conseils plus précis et qui répondront mieux à vos besoins. Les écoles offrent souvent des rabais sur les tambours africains si vous y êtes inscrits. Si vous faites affaire avec un commerce au détail, assurez-vous que la garantie est adéquate. Elle est généralement d'une durée d'un an, excluant la peau, puisque le fait de frapper dessus est considéré comme de l'usure normale. N'oubliez pas aussi que le fait de frapper la peau va, inexorablement, causer un jour où l'autre sa déchirure, et qu'il faudra penser à la remplacer...

Combien ça coûte ?

Encore là, cette question n'est vraiment pas facile à répondre de manière concise, tout dépend des matériaux et du talent du tambourier. De façon générale, les tambours indonésiens sont moins dispendieux, alors que les djembés guinéens sont beaucoup plus chers, à cause de la rareté de leur bois, qui est soit dit en passant en voie de disparition. Les djembés de type Moperc sont aussi assez dispendieux, mais leur qualité et leur son en font d'excellents tambours pour apprendre à jouer et façonner les mains aux aléas de la percussion.

Si vous êtes débutants et chercher à plonger dans le monde de la percussion et du djembé africain, je vous conseille fortement d'opter pour un djembé qui est à un prix légèrement au-dessus de votre budget. Aux alentours de trois-cents dollars minimum, vous allez avoir un djembé résistant et de bonne qualité. Certes, il en existe de moins dispendieux, mais par expérience, la clarté et la facilité à produire les sons de base sont beaucoup moins évidentes à reproduire, d'autant plus qu'il faudra tendre la peau plus souvent qu'autrement.

N'oubliez pas qu'un djembé ne peut être acheté seul ! Investissez aussi un bon montant d'argent pour la courroie (environ 35$) et l'étui (environ 50$). Ces deux accessoires sont essentiels pour garantir une posture adéquate et bien sûr, protéger l'instrument de l'environnement extérieur lors du transport, d'autant plus que le djembé est extrêmement fragile aux variations de température.

Le plaisir de jouer

Pour terminer, je reviens encore sur l'importance des sons. Si votre djembé ne peut produire les trois sons de base (basse, tonique, claqué) de façon claire, vous allez très vite vous décourager de jouer de cet instrument, en ayant la fausse croyance de ne pas progresser suffisamment, ce qui est totalement faux. De plus, un djembé de bonne qualité durera longtemps, et plus vous jouerez avec le même tambour, plus vos mains s'adapteront à votre instrument, vous permettant ainsi de progressez plus rapidement.

Bon magasinage!

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