Quoi de mieux que de profiter d'un samedi soir pour décompresser et aller entendre de l'excellente musique ? C'est ce que je viens tout juste de faire en allant voir Xavier Rudd au Métropolis dans le deuxième concert qu'il donnait à Montréal. Une décision de dernière minute que je ne regrette tellement, mais alors tellement pas! Les trente dollars qu'ont coûté le billet en ont valu amplement la peine, et comment !! C'était la première fois que je le voyais live et mes attentes ont été largement dépassées!
Pour les néophytes, Xavier Rudd est un auteur compositeur interprète australien qui a connu un succès monstre en 2005, grâce à son album Food in the Belly. Sa particularité est qu'il est un multi-instrumentiste accompli. Sur scène, il est littéralement entouré par une pléiade d'instruments. Le style musical de cet artiste est unique, mêlant le blues, le roots, le rock, avec une sauce percussive où se mélangent les guitares et les lapsteels, les percussions et surtout, les yidakis, autrement plus connus sous le nom de didjeridoo. Voilà donc pour la parenthèse documentaire.
Lorsque je mets les pieds dans la salle, celle-ci est déjà pas mal remplie au parterre. Sur scène, un gigantesque montage d'instruments est caché derrière un immense drap noir côté jardin, alors que du côté cour, un deuxième drap noir cache ce qui a manifestement l'air d'une batterie. Peu après 21h, les lumières se ferment enfin, et un homme à la carrure imposante s'avance sur scène, drôlement vêtu. De ma position, je ne peux pas distinguer vraiment s'il s'agit bien de Xavier Rudd, mais lorsque l'éclairage révèle ses traits, je me rends compte qu'il s'agit d'un aborigène australien en chair et en os avec son didjeridoo !!
Lorsqu'il se met à jouer de son instrument, je sens automatiquement une décharge électrique parcourir ma colonne vertébrale, tellement la vibration sonore est transcendante, intensément forte. Le didjeridoo est, à mon humble avis, l'instrument à vent qui est le cousin du tambour, tellement l'énergie, la puissance et la capacité à faire détonner l'énergie chez un public est similaire. Après une bonne minute où j'ai les tympans qui agissent comme des diapasons résonnant au souffle de l'aborigène, ce dernier se met à expliquer comment il faut souffler dans l'immense tube de bois. Puis, il explique les origines des différents sons, s'apparentant à des cris d'animaux de la forêt australienne. Une formidable introduction à un spectacle qui nous fera plonger dans l'univers de la musique australienne et de ses racines.
Après ce petit amuse-gueule musical, les lumières s'éteignent à nouveau, les techniciens de scène enlèvent enfin les draps et je peux enfin admirer la disposition de tous les instruments. Ce qui frappe tout de suite sur l'immense plate-forme surélevée du côté jardin, ce sont les 3 didjeridoos installés sur leur support. Plus à gauche, un mini-gong et un carillon sont juchés sur un support. Et à droite, une panoplie de petites percussions, surtout des mini-tambours. De l'autre côté de la scène, une batterie de petite taille avec des congas et des bongos sont installés. Pas de doute, la percussion sera à l'affiche pour ce show-là !
Xavier et son batteur prennent enfin place derrière leurs jouets, et le spectacle démarre. Les chansons défilent et le public se délecte des prouesses musicales des deux formidables musiciens. Pendant que Xavier Rudd chante, joue de la guitare, frappe du pied son kick et souffle dans ses didj, son acolyte frappe la mesure de sa batterie. Lentement mais sûrement, la musique me rentre dedans, trouve son écho jusque dans mes trippes, pour finalement me laisser pantois d'admiration devant la qualité du spectacle. Oui, ils sont bel et bien deux et ils jouent autant d'instruments !
Les moments d'improvisation sont ceux qui ont littéralement électrifié le Métropolis. Quand Xavier est seul derrière ses instruments, il est comme un petit garçon. Je ne sais trop comment il parvient à maîtriser autant l'indépendance des membres. Ses deux pieds font chacun une partie de rythmes, pendant que ses mains frappent les percussions selon un pattern qui est complètement différent. Puis, sa bouche crée une mélodie puissante, vibrante, transcendante lorsqu'il fait des beats aux didjeridoos. Complètement démentiel.
La foule est totalement conquise, tout comme moi, puisque ce n'est pas souvent qu'un artiste de cette trempe livre autant sur scène. Il ne parle pas beaucoup ce Xavier Rudd (hormis son fameux « How you're feeling? »), mais il n'a pas besoin de parler dans le fond, sa musique le fait à sa place ! Cet orchestre à deux mains a livré une superbe performance, et j'attends vivement son retour...Je ne suis pas le seul d'ailleurs ! Il représente vraiment ce que la musique a de mieux: apporter une dose de réconfort et oublier, le temps de 120 minutes, nos tourments.
En cherchant un peu sur Youtube, j'ai trouvé deux extraits vidéos maison du spectacle. En voici un premier. La pièce est ma préférée, soit la magnifique chanson Messages qu'on retrouve sur l'album Food in the Belly. L'extrait a été enregistré la veille, le 8 février.
Le deuxième extrait vidéo montre la virtuosité de ce musicien hors-pair alors qu'il en met plein la vue avec un jam musical intense! L'extrait a été enregistré le 7 février au Capitole de Québec.
Entrevue avec Xavier Rudd (Le Soleil)
Critique du spectacle au Capitole de Québec (Le Soleil)