mardi 5 février 2008

Le dialogue du djembé

Je regarde les aiguilles de l'horloge...Dix-huit heures trente cinq. Je suis sur scène, prêt à entamer le cours de percussion. Mes instruments sont prêts. Mon micro est allumé et en bon état de marche. Autour de moi, un capharnaüm sonore retentit...Les étudiants enfilent leur courroie de djembé, positionnent leur instrument, et se mettent à frapper la peau, parfois avec grâce, parfois avec violence, mais toujours avec le désir ardent de faire sortir le maximum de son possible. Je prends toujours un vif plaisir à scruter la scène qui s'offre devant moi. De la plate-forme surélevée, c'est quasi surréaliste de voir comment l'humain, dans un contexte précis, renoue avec la bête en lui. Personne, ou presque, ne parle! Tout ce que l'on entend, ce sont les "pi-pa-pou" qui explosent dans la salle.

Dès lors, je me sens tiraillé. Briser la bulle qui se forme dans le groupe à cet instant précis serait commettre un sacrilège. Mais, il faut ramener la "meute" à l'ordre. Car, comme le dit si bien Mamady Keita, il faut, en tant que percussionniste, réussir à faire parler le djembé, et non à seulement faire du bruit avec...Mais les gens ont l'air d'être tellement dans leur élément, que je pourrais disparaître pendant une heure complète, revenir et rien n'aurait changé...Phénomène fascinant où le temps n'a plus aucune importance.

18:37 et 50 secondes...54....57...18:38. C'est à ce moment que je frappe à mon tour sur mon tambour, juché sur son support, les sons crevant les muliples bulles qui se sont formées durant le dernier quart d'heure. Les roulements, les tapes, les chauffés se succèdent de plus en plus vite, je laisse mes mains parler, puis, j'effectue l'appel classique des rythmes (pra-pi-pi-pi-pipi-papapa!) et...Plus rien...Malaise...Déstabilisation...Les peaux se taisent, les gens se tournent dans ma direction, et c'est ainsi que démarre une autre soirée de percussions inoubliable, où les djembés peuvent enfin se mettre à parler...

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