mardi 22 mai 2007

Le dundun, colonne du rythme

Mon cellulaire vibre. Je réponds et mon interlocuteur me dit: «Salut Martin! C'est Nicolas! Je vais jammer au parc Lafontaine avec Christian, viens nous rejoindre si ça te tente!». Oh yeah! J'adore quand ce genre d'invitation impromptue se présente! En plus qu'il fait un soleil radieux à l'extérieur! Et que c'est lundi, fête des Patriotes! La totale. Le temps de terminer mes travaux ménagers, de sauter dans la douche, de prendre mon djembé et de m'engouffrer dans le métro, j'arrive au parc Lafontaine qui est rempli de gens se faisant griller au soleil. À peine cinq minutes plus tard, me guidant aux sons des percussions lointaines, je retrouve mes deux comparses assis à côté de l'étang asséché.

Comble de malheur! J'ouvre mon étui, sors mon djembé, et une patrouille de police s'amène, nous disant que les percussions sont interdites dans le parc (?!!?). N'importe quoi. Sitôt le poulet déguarpi, nous ressortons les instruments, et l'après-midi se termine de la façon la plus agréable qui soit, au soleil, avec plein de visages qui sont tout sourire à nous entendre. Mais, comme toute bonne chose à une fin et que nous devons être à l'heure pour le cours de danse africaine, nous prenons congé de nos spectateurs, et nous allons manger chez Yuan, resto chinois végétarien au coin de Sherbrooke et Saint-Denis. Mon repas de nouilles Udon aux légumes sautés est exquis. Ça donne le plein d'énergie pour se rendre à Samajam pour le cours de danse.

Ce soir, je décide de lâcher mon djembé et de m'atteler aux dunduns. Le jam de l'après-midi m'a revigoré complètement et je me sens d'attaque pour dompter cet instrument qui a une importance capitale dans le cours de danse africaine. Sans duns, pas de danse, car la base est absente. Et d'autant plus que Claudine a une oreille très aiguisée. Pas beaucoup de place à l'erreur. Mais je m'en fous, je veux au moins tenter ma chance! Yves Cipihot, notre leader, nous attribue à chacun nos parties de rythme. J'ai énormément de plaisir avec Cheick qui me montre la partie de duns du kuku en version sénégalaise. Une partie de rythme écoeurante, avec un groove qui vient vraiment rendre le tout plus riche et dynamique. Claudine et ses danseuses font leur apparition, et le cours est prêt à débuter.

Bien positionné derrière mon dununba (le gros dun) et mon sanbang (le moyen dun), main droite tenant le boulon au-dessus de la cloche, main gauche tenant le maillet pour frapper les peaux de vaches, j'attends juste l'appel. Puis, la prochaine heure et demie se déroule en mode pilote automatique. Je me concentre sur les sensations de mon corps. Me tenir bien droit, relaxer les muscles des mains et des épaules, bien balancer de gauche à droite. Le jeu de l'écoute aussi. Savoir discerner le casse-tête du jeu des dunduns, tout en ayant un oeil sur Yves qui, tel un chef d'orchestre, veille à ce que la vitesse ne stagne jamais. Gardien du rythme, tel est mon mandat.

Je me rends compte bien rapidement à quel point jouer du dundun est exigeant physiquement. La main qui fait résonner la cloche commence à montrer des signes de fatigue. Crampes, moiteur, puis bien vite brûlure. Le boulon commence à glisser, et je peine à trouver une position confortable. Claudine semble être tout à fait à l'aise avec ce qu'on joue, alors j'ose stopper de frapper mon dun, puisqu'Éric fait sensiblement la même chose que moi. Et je me dépêche à réajuster ma main pour trouver un moyen d'arrêter ce fichu boulon de glisser. Finalement, j'y parviens, tout juste à temps avant qu'Yves fasse son chauffé pour accélérer la cadence. Curieusement, à ce moment, je brise la barrière de la fatigue. Une immense vague d'énergie déferle dans mes veines, et ma main droite devient un véritable métronome qui dicte la cadence à la cloche. Après un laps de temps dont j'ignore la durée, Cheick fait l'appel de fin, puis tout s'arrête.

C'est à ce moment que la douleur revient, implacable. J'ai peine à lâcher le boulon et je constate avec stupéfaction que ma main est en sang. À force de cogner la cloche, mes jointures se sont heurtées trop violamment sur la surface métallique. Pourtant, je n'ai strictement rien ressenti tellement j'étais concentré, dans ma bulle. Je n'ai pas le temps de m'y attarder vraiment, puisque le temps d'aller me laver les mains, Claudine nous fait signe d'entamer le kuku. Wow, quel moment incroyable. Tout le monde était en feu!! Jamais je n'aurais pensé avoir autant d'énergie et de plaisir à effectuer six frappes de tambour, toujours en répétant le même pattern. Simple. Mais ô combien efficace! J'étais dépassé par tout le pouvoir et la magie de ce rythme-là. Nous ne formions plus qu'un, la fusion était totale.

L'heure et demie a passé vite comme l'éclair. Cheick, à la fin de la soirée, m'a vraiment fait plaisir en me disant que c'était super de jouer avec moi car je pouvais comprendre "tout du premier coup". Franchement, ça a fait ma journée. Mes multiples courbatures et mes ampoules aux mains sont là pour en témoigner.

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