dimanche 6 mai 2007

Tambours et tubes en Estrie

Hier midi, j'arrive avec un peu plus de 15 minutes de retard au local de pratique pour créer en moins d'une heure un numéro d'ouverture que je vais présenter avec une vingtaine d'autres samajamiens. Les traits tirés, mais toujours de bonne humeur, Louis Bellemare est déjà en train d'exposer le plan de match aux troupes. Ces moments de pratique sont toujours un peu spécial, dans le sens que souvent, nous allons dans une direction musicale pour ensuite bifurquer dans une toute autre avenue. Celle -là ne fait pas exception!

Je suis vraiment content de revoir Moïse. Ce Togolais d'origine, arrivé au Québec il y a un peu plus de six mois maintenant, joue un instrument dont je suis encore une fois tombé sous le charme: la calebasse. À l'état d'origine, la calebasse est une plante qui pousse en Afrique, dont le fruit ressemble à une amphore. En guise d'instrument, elle sert surtout de caisse de résonance à la sitar, au berimbaù, à la kora ou au balafon. Mais j'adore quand elle est utilisée seule, comme un dôme reposant sur un baril vide, comme percussion. Ça remplace aisément un ensemble de batterie complète. En frappant avec le poing sur le sommet, on obtient une basse tonitruante, ronde et très vibrante, alors qu'en fouettant les côtés avec le pouce ou l'index, les claques sont riches et très caractéristiques. Les rythmes que Moïse réussit à sortir de cette noix de coco format géante sont tellement groovy qu'on ne peut que taper du pied avec le sourire aux lèvres.

Avec lui et Cheick Anta, on se munit de duns et nous allons pratiquer une partie qui s'adaptera bien au kuku que les autres sont en train de pratiquer dans l'autre salle. Puis, nous répétons bout à bout la totalité du numéro d'ouverture, et après, c'est le branle-bas de combat car nous sommes déjà en retard sur l'horaire et nous devons partir à Magog. Le temps de manger salades, sandwich, jus de légumes, une pomme et un biscuit, je saute dans un des deux camions qui nous amène à destination. Une heure et des poussières plus tard, nous arrivons à «Magog centre-ville», plus précisément à l'aréna de la ville, où aura lieu dans deux heures à peine le gala des bénévoles de Magog avec le maire.

À peine le temps de décharger la remorque de nos instruments, Louis regroupe les percussionnistes, puis nous introduit au maire de la ville, un monsieur fort sympathique qui a toutes les caractéristiques du maire de région, avec sa grande hospitalité et sa bonne humeur. C'est lui qui introduira notre numéro en improvisant sur un djembé après son discours inaugural. Il ne nous reste que cinq petites minutes pour paufiner le numéro sans instruments, seulement avec les déplacements sur scène. Difficile de se concentrer alors que les techniciens fourmillent à installer les micros et à faire les tests de son.

Finalement, nous avons quelques minutes de pause et nous retournons dans la loge, soit le vestiaire de l'équipe locale de hockey de Magog. De petites bouchées sont déjà prêtes à être mangées, mais seulement après notre numéro. Le metteur en scène vient vite nous avertir d'être standby en coulisses car ce sera bientôt notre tour. En faisant le tour de l'aréna, je constate que la salle sera composée d'environ 600 personnes. Puis, le maire fait enfin son entrée, son discours, puis il frappe sur le djembé, et c'est à nous de jouer!

Chaque fois que je vis un spectacle, je constate qu'on arrive à toujours mieux performer. Le numéro a été franchement pas mal réussi, en quinze minutes. Moïse était le premier à fouler la scène et en effectuant un numéro de percussions sur sa calebasse. Incroyable la puissance de cet instrument, ça résonnait dans l'aréna avec une telle force que les murs en tremblaient presque. Puis, Cheick est venu accompagner Moïse au djembé et les deux se sont échangés des solos dont eux seuls possèdent le secret. Par la suite, j'ai monté sur scène accompagné des autres élèves de Cheick pour effectuer notre pièce "Samajam Diouf" avec ses supers cassés. Michel Séguin Jr. a ensuite pris la relève avec les baguettes et ses passes de coudes. Il a fait participé la foule avec brio en chantant et en leur faisant taper des mains. Puis, Moïse et moi avons remonté sur scène avec les duns pour entamer le fameux kuku, qui s'est terminé par une grande apothéose alors que quarante personnes se partageaient un coin de scène, jouant du djembé. Encore une fois, les applaudissements ont témoigné l'incroyable pouvoir du tambour qui fait son effet dans le coeur des gens.

Mais, nous avions encore une autre présence à faire, cette fois-ci avec les fameux tubes Samajam. Munis de 300 tubes, nous en avons distribué dans toute la salle, et, accompagnant Louis sur la scène, nous avons répété l'expérience de la symphonie en tubes une deuxième fois. Cette fois-ci a été encore plus impressionnante avec l'acoustique d'aréna. Les couleurs et les sons étaient vraiment surréalistes. Malgré certaines craintes, la foule a adoré notre créativité avec ses bouts de plastique. Nous avons donc quitté l'Estrie avec l'assurance d'avoir instaurer dans ce coin du Québec un peu de chaleur et de soleil en ce début de printemps!

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