Après une bonne sieste de deux heures samedi après-midi, je me réveille peu avant 20h. Les paupières encore lourdes, j'ai soudain un flash: c'est ce soir qu'il y a un spectacle de flamenco au Festival de Jazz! Comme par magie, toute trace de fatigue disparaît aussitôt et le temps d'être un peu plus présentable, je saute dans le premier métro pour me retrouver une demi-heure à peine plus tard au coin de Jeanne-Mance et Maisonneuve.
Il y a déjà une mer de monde qui sont entassés au coin de la rue, juste en face de l'UQAM. Tous attendent l'arrivée du présentateur mais surtout, de la musique espagnole. J'avais hâte de voir le groupe. Finalement, le présentateur arrive, bien accueillant, et nous présente enfin le groupe, Son de la Frontera. Ce groupe est un des chefs de file du mouvement flamenco moderne. Formé par cinq Andalous originaires de Séville en Espagne, ils ont choisis de délaisser le cajòn pour mettre l'accent sur les guitares et les palmàs.
Ainsi, deux guitaristes flamenca virtuoses jouent leur mélodie pendant que les trois palmeròs battent la mesure de leur rythme en douze temps qui défient toute logique. Tantôt en tapant des claràs (taper des mains en gardant la main ouverte pour produire un son clair et claqué) et tantôt des sordàs (où les mains forment une coupe qui produit un son plus sec et moins puissant), ils sont incroyables. La foule est rapidement conquise, surtout les demoiselles, lorsque un des palmeròs s'avance au devant de la scène et se met à danser avec toute la fougue et l'énergie des Espagnols. Les pieds claquent le sol à la vitesse de l'éclair, défiant la gravité. Malgré la brise fraîche, le mercure grimpe de quelques degrés.
Les guitaristes aussi en mettent plein la vue avec leur improvisation et leur échange de solos dans le jeu des palmas. La sonorité est très particulière car un des guitaristes utilise le tres cubain, une guitare à 3 paires de cordes au lieu des six cordes traditionnelles de la guitare classique. De fabuleuses harmoniques en ressortent, donnant plus de mordant et de prestance à la performance.
Comme d'habitude, l'heure passe trop vite et personne ne veut s'en aller. Et j'ai été quitte pour un acte de générosité qui dépasse l'imagination. Les cinq Andalous sont restés sur scène, toute amplification éteinte, pour continuer le temps de trois minutes à jouer uniquement des rythmes aux palmàs. C'était de toute beauté. Surtout voir le chanteur, avec sa voixm gutturale, s'égosiller pour se faire entendre. Le pauvre doit encore être en train d'avoir des séquelles aujourd'hui. Vraiment, on ne pouvait faire autrement qu'être envouté et de rêver aux paysages et aux merveilles d'Andalousie.
Je vous laisse avec un petit vidéo déniché sur Youtube pour vous montrer ce que vous avez manqué. La pièce est une buleria qui s'intitule Negra del Gastor. Bon visionnement!