vendredi 27 avril 2007

Le casse-tête d'un numéro de variétés (VIDÉOS)

Mardi de la semaine dernière, mon cellulaire sonne et l'appel vient de Samajam. Je m'attendais à ce que je sois invité encore une fois à participer à un événement corporatif avec Louis en entreprise. Mais, la nature de l'appel était tout autre: "Martin, nous t'avons choisi pour faire partie du numéro d'ouverture du gala Femmes et Cinéma, où il y aura en grande partie toutes les femmes oeuvrant dans le domaine de la télévision et du cinéma. Est-ce que ça te tente d'embarquer?"

Et bien, parlant de quelque chose de totalement non prévu et qui semble encore une fois unique en son genre, je ne vais vraiment pas laisser passer pareille occasion! J'embarque! C'est ainsi que ma semaine a été chamboulée par des pratiques intenses. La première a eu lieu dimanche dernier, en plein après-midi. Luc Boivin nous attendait avec son calme et son sourire qui ne le quitte jamais. Prenant le temps de s'asseoir avec nous, il nous explique le concept de la soirée, et surtout, du numéro d'ouverture ultra punché. "N'oubliez pas que vous allez performer devant des gens qui en ont vu déjà avant vous! C'est le moment d'épater la galerie avec quelque chose de tout à fait unique en son genre. Un mélange de percussions et de cinéma, ça vous dit?". Et il nous pointe les immenses structures derrière nous, qui sont en fait des gros projecteurs de cinéma monté sur un échafaudage sur lequel est fixé des caisses claires, des cymbales et des cloches. Le mot «original» est un euphémisme en regardant ces bidules.

Puis, Luc nous explique le concept. Pendant que Marina Orsini, l'animatrice du gala Femmes et Cinéma, introduira la soirée, un gros spot lumineux va tomber du plafond. En interrompant son speech, deux ouvriers (qui sont en fait Dom et Merlin, percussionnistes professionnels) vont monter sur scène munis d'une échelle avec Pat et Mathieu (deux autres percussionnistes professionnels). S'ensuivra un rythme où le spot servira de percussion, et s'allumera sous les coups. Puis, en utilisant les échelles, surtout les barreaux, les quatres ouvriers poursuivront leur rythme puis, ils embarqueront sur les structures qui vont s'allumer sous la musique. Vraiment génial!

C'est à ce moment que nous entrons en scène. Dirigé par Joannie (autre percussionniste professionnelle) et Cheick Anta, nous allons apparaître pour performer un numéro où nos tambours seront illuminés par un spot doté de diodes lumineuses qui changent de couleur selon l'envie de l'éclairagiste. La peau de djembé pourra donc devenir rouge, bleu, jaune ou verte selon le moment. Luc demande donc à Cheick de nous enseigner un soli, soit un long cassé avec des coups bien particuliers pour mettre du punch dans le numéro. Notre première pratique a donc été d'apprendre le cassé en question. Pas une mince tâche, mais le défi en vaut la peine. Cependant, Luc nous réservait une autre surprise. Au coeur du numéro, les 4 gars se positionnent autour de Joannie, alors que les 4 filles se positionnent autour de Cheick. En disposant les djembés tout autour, cela fait exactement la reproduction d'un set de batterie. Joannie et Cheick vont donc jouer le même rythme, mais sur cinq djembés au lieu d'un seul. Et notre rôle à chacun est de pencher le djembé vers le public de façon à montrer la lumière multicolore. Vraiment super créatif!

Créatif certes, mais techniquement, ce n'est vraiment pas évident. Il faut penser au fait que des fils vont serpenter la scène partout, et il ne faut donc pas se mêler. À force de persévérance et d'ajustements, nous parvenons à faire notre numéro au complet sans trop de misère. Le mardi suivant, la deuxième pratique est beaucoup plus technique. Après la soirée de la veille assez pénible merci, j'anticipais un peu avec appréhension cette heure. Nadège, la directrice de production, s'affaire à nous positionner sur scène, à nous montrer les pas, à synchroniser notre gestuelle avec la musique, à positionner le corps. Puis, Luc intervient pour nous montrer la première partie du numéro avec les structures.

C'est à ce moment que je vois toute l'expérience de ce directeur musical à son plein potentiel. Sans élever la voix une seule fois, sans même montrer le moindre signe d'impatience, il place un à un chaque morceau de son casse-tête musical. De la chute du luminaire jusqu'au dernier punch de tambour douze minutes plus tard, tout est pensé, calculé. Rien n'est laissé au hasard. Le plus difficile là-dedans est de rester focusé. Surtout lors du déplacement des structures, ces trucs-là sont aussi facile à déplacer qu'une voiture en mode "P". Plusieurs prises plus tard, on arrive à un numéro qui est en train d'être suffisamment huilé pour que Luc décide de canceller la pratique du lendemain. La générale le jour du spectacle devrait suffire.

Le jour de la grande prestation arrive enfin. J'arrive au Centre Mont-Royal en plein centre-ville à midi pile, et après avoir déduit le chemin pour se rendre à la salle de spectacle, j'arrive juste à temps pour installer les djembés sur scène et fixer le spot de lumière sur celui-ci. Par la suite, l'éclairagiste assigne des numéros sur chaque djembé pour contrôler chaque luminaire. L'effet est vraiment super, le choix de couleurs est vraiment varié et avec les peaux cela crée tout un impact. Beaucoup de temps passe avant que nous puissions commencer à faire la générale. Vers 14hres, nous pouvons enfin taper sur nos tambours sans trop déranger le voisinage. Sous les consignes de la régisseuse et de Luc, nous effectuons les déplacements de structures, les positionnements sur scène et finalement, nous répétons deux à trois fois le numéro avec les éclairages et les micros, à fond la caisse. Vraiment difficile de se concentrer, avec toutes ces lumières, les micros, les fils dans les jambes...

Exténué, je dévore enfin mon poulet Saint-Hubert avec les autres où je profite de ce moment de pause bien mérité pour socialiser avec les musiciens. Vraiment un des moments privilégiés que je peux vivre en temps qu'apprenti percussionniste. Nous retournons ensuite dans une salle où pendant une bonne heure, je rigole avec Cheick qui nous enseigne à moi, Catherine, Nicolas et Truc des rudiments de wolof. Les autres élèves de Samajam arrivent par la suite (plus d'une soixantaine), et bientôt, l'heure du showtime arrive enfin. L'équipe du premier numéro se met en cercle, et on fait la traditionnelle levée de bras en se souhaitant un bon spectacle. Nadège nous indique ensuite le chemin pour se rendre en coulisses. Après de longues minutes en silence derrière la scène, les lumières baissent, et Marina Orsini fait son entrée. À ce moment, je sens mon rythme cardiaque commencer à accélérer.

Après les discours d'usage, le luminaire tombe, enfin. Plus le droit à l'erreur, après des heures et des heures de pratique, voilà enfin notre petit moment de gloire. Ça passe à la vitesse de l'éclair, comme d'habitude. Heureusement, ce fut vraiment notre meilleur prise. Sans compter le numéro de mi-spectacle où j'ai remonté deux fois sur scène pour jouer la pièce Diouf africaine et une samba brésilienne enflammée au surdò.

Mais, vu qu'une image vaut milles mots, voici ce à quoi ressemblait notre performance. Une autre à ajouter dans ma collection...

Numéro d'ouverture (avec effets de lumière multicolore)


Numéro de fermeture (africain, baguettes et samba brésilienne)

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