mercredi 20 décembre 2006

Le roi Diouf

Dans une vie, il est de mise de faire toutes sortes de rencontres. Certaines sont parfois inoubliables. Du genre qu'elles vous marquent au fer rouge. La rencontre que j'ai eue hier en est le parfait exemple. Hier, j'ai fait la rencontre d'un roi de la percussion, le grand El Hadje Diouf.

Son nom doit sûrement vous dire quelque chose. Les frères Diouf sont débarqués à Montréal voilà une décennie. Lui et son frère Karim se sont liés d'amitié avec un des groupes musicaux le plus populaire des dernières années au Québec, les Colocs. Ces "Québégalais" ont changé à jamais l'essence du groupe, et El Hadje fut celui qui, avec le regretté Dédé Fortin, composa la célèbre chanson Tassez vous de d'là avec son refrain en wolof. El Hadje est sans contredit le maître djembéfola incontesté du Québec. Mais encore plus que cela, il est doté d'une si belle personnalité qu'il est dans une classe à part. Il est voué à une carrière musicale internationale, et cela est très bien parti puisqu'il fait partie du spectacle Délirium du Cirque du Soleil. J'ai eu la chance donc de pouvoir le rencontrer lors de sa pause du temps des Fêtes.

J'ai donc fait 6 heures de percussions hier soir. J'ai assisté Catherine dans le cours des débutants 2, et ce fut le meilleur cours de la session, on a vraiment ri et déconné, et nous avons pratiqués les parties des duns-duns du Kuku et du Rabodae. Imaginez 25 personnes en train de frapper sur des tambours gros comme des poubelles et vous aurez un peu l'idée de la puissance qui peut se dégager de la salle. C'est justement cette puissance qui a attiré Louis et El Hadje puisqu'ils sont venus nous saluer peu avant le début de la rencontre.

21h arrivent, et enfin, la grande soirée débute. El Hadje vient nous faire l'immense honneur de venir nous présenter une pièce musicale qu'il a spécialement écrite pour nous, Samajam, qui en wolof signifie "ma paix". Pendant 3 heures, on vibre au son des djembés, et surtout de la magnifique chanson qui accompagne les tambours, dont voici le refrain.

Man de samajama lay set
Fou amoul jama deouma worna

Grosso modo, ça signifie: "Là où il y a la paix, j'accours. Là où il y en a pas, je fuis."

Il n'y a pas de mots pour décrire avec assez de justesse toute l'intensité du jeu d'El Hadje. Surtout lorsqu'il joue avec son compagnon de toujours, Sheik Anta Diouf, son cousin et nouveau prof de percussions africaines à l'école. Étant jeunes, ils jouaient en duo et cela faisait trois longues années qu'ils n'avaient pas rejoués ensembles. Hier, nous avons eu droit à un moment de pure perfection, de pure virtuosité. Les deux Diouf réussissaient à se parler sans se parler, à jouer ensembles, tellement ensembles que leur jeu ne faisait plus qu'une voix, une musique, un message. J'étais subjugué par la puissance et la beauté de ce moment, par la richesse des sons, par leur expression, par tout ce qui se dégageait de leur personne. Le regard d'El Hadje, lorsqu'il croise le vôtre, impose le respect en même temps qu'une grande, très grande modestie. On se retrouve en Afrique carrément...

Cher El Hadje, merci d'être ce que tu es. J'espère encore pouvoir apprendre en ta présence, ton talent n'a d'égal que ta générosité sans bornes.

J'ai mis en ligne les photos de cette soirée mémorable dans mon album, suivez le lien pour un peu goûter au plaisir que j'ai eu à rencontrer cet incroyable percussionniste.
mot-clé: chronique

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