jeudi 22 février 2007

Le gardien du rythme

Quel cours encore une fois avec Cath hier soir! Malgré sa grippe carabinée, elle a bien su nous faire suer, surtout sur le stage! Je ne sais pas trop ce que j'avais ce soir, mais j'étais complètement à côté de la track pendant un bon moment avec le satané Makru de Mamadi. Pas moyen de mettre en place les trois parties du rythme sans que bientôt la synergie entre les sons, les frappes, se perdent en une cacophonie qui fait grimacer plutôt que danser.

C'est là toute la clé de la beauté de la musique africaine. Dès qu'un djembéfola n'ait plus à sa place dans le rythme, qu'il joue trop vite, trop lent ou qu'il ne sent pas le rythme, la magie de la musique n'opère plus. Le rythme devient une succession monotone de sons qui n'ont plus aucune valeur...Et lorsqu'on essaie de revenir à sa place, une fois sur deux, cela crée trop d'instabilité et d'inconfort, alors il faut tout stopper et reprendre...

Bref, ce soir, j'ai plus tenté d'être le gardien du rythme que d'autre chose. Expression abondamment utilisée dans les cours, elle signifie de ne pas tenter de jouer au lapin Energizer. Je m'explique. Quand on joue en groupe, et lorsqu'on apprend un nouveau beat, il y a d'abord l'étape très cérébrale et mentale d'imprimer dans sa mémoire deux séquences. La première est bien entendu la séquence musicale, ou si vous préférez auditive, soit l'ordre des frappes. La deuxième est plus technique, puisqu'il faut savoir quel est le pattern de mains (la gauche ou la droite en premier, et ainsi de suite) à utiliser. Une fois ces deux étapes franchies, la troisième étape, la plus importante, consiste à sentir, ou "feeler" le rythme. Bien beau savoir la séquence de frappes et les mains, mais il faut placer maintenant ces séquences-là dans le temps. D'où l'existence des portées et de l'écriture musicale d'ailleurs!

Catherine m'a demandé, lorsqu'elle a voulu faire une démonstration du Makru avec les trois parties jouées simultanément, de tenir la deuxième partie, où les frappes sont à des endroits très inusités dans le temps. En fait, tout est suspendu dans le vide, entre deux temps, si bien qu'on a l'impression d'être un peu dans du sable mouvant. Il faut être vraiment concentré et à l'écoute, ce qui manifestement était un peu déficient chez moi ce soir. Il a donc fallu s'y reprendre par trois fois afin de bien le maîtriser. Et j'ai plus joué du shekere (cette espèce de grosse noix de coco africaine vide sur lequel un filet rempli de grosses grappes de graines de riz résonnent comme un métronome à chaque coup) que du djembé ce soir. Tenir le temps, ne pas accélérer, rester focuser sur l'harmonie entre chaque partie, c'était mon devoir, ma tâche ce soir.

Et à force de persévérance, le sable mouvant s'est transformé en béton armé, solide comme du roc, et un tonnerre musical s'est ainsi propagé dans le local, amenant avec lui une saprée belle joie de vivre.

Derniers articles parus

Template developed by Confluent Forms LLC; more resources at BlogXpertise