lundi 14 août 2006

La vie sur un fil...

Ma mère travaille à l'hôpital Sainte-Justine pour enfants. Chaque jour, elle côtoie des enfants malades, des parents anxieux, des médecins et des infirmières toujours dans le feu de l'action, parfois épuisés, parfois à bout de nerfs, parfois arrogants, parfois sur le point de vouloir donner un coup de poing dans le mur face à l'échec. Car avouons-le, être médecin, même de nos jours avec la panoplie d'appareils qui existent, des fois il n'y a rien à faire. Elle m'a raconté cette triste histoire qui fait que j'admire le courage de ces hommes et femmes en habits blancs.


Par un jeudi ensoleillé la semaine dernière, ma mère prend l'ascenseur pour aller dîner. Parfois, dans les cas très urgents, les ascenseurs sont réservés au transport prioritaire des patients. Et pendant qu'elle prenait place dans la cabine, elle fut la témoin prévilégiée d'une opération de sauvetage d'urgence. Les portes de l'ascenseur se sont ouverts sur l'étage d'urgence et toute une équipe de médecins et d'infirmières encerclaient un incubateur dans lequel prenait place une petite fille, minuscule, avec les doigts à peine distinguables et des bras gros comme des asperges. Une petite fille qui n'était pas du tout suposée vivre aussi rapidement en dehors du ventre de sa mère. L'ascenseur se met soudain à bouger au ralenti, les chiffres électroniques des étages semblent s'éterniser sur l'afficheur électronique, les secondes se figent, l'atmosphère devient pesante. Ma mère scrute à tour de rôle les visages crispés des médecins, puis son regard entre en contact avec un autre homme qu'elle vient tout juste de remarquer à cause du brouhaha de ce qui se passe. L'homme la regarde, ses yeux se remplissent de larmes et il lui dit simplement: "J'espère qu'elle aura plus de chance que la mienne....". Ma mère encaisse le choc comme un uppercut en plein figure, elle ne sait que dire, que faire, elle a juste hâte de sortir de cette boîte de métal qui est soudain devenu trop étouffante, trop étroite, trop...juste trop....
Cette triste histoire me fait réaliser aujourd'hui que nous sommes tellement chanceux d'être en vie...tout simplement...Et au monsieur qui a malheureusement perdu sa petite poupoune chérie, je vous dit: "Bon courage!"
mot-clé: chronique

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