lundi 29 janvier 2007

Enflûres et graisse de Karité

Présentement, je file juste parfaitement zen. Vous savez, le genre de fatigue incroyablement puissante mais apaisante, que l'on savoure après avoir fourni un effort intense pendant plusieurs heures. Ce soir, j'ai joué de 6h à 10h30, soit cinq heures ponctuées de trois pauses de 5 minutes, en frappant ma peau de djembé. J'ai participé au house band du cours de danse africaine pour la première fois, et l'expérience fut incroyablement enrichissante et intense.

J'arrive au local à 6hre pour répéter avec les autres. Truc et Nanci sont déjà avec Cheikh Anta Diouf pour répéter le yankadi. Je me joins à eux, et avec Éric et Estelle aux douns, nous pratiquons le tiriba, un nouveau rythme fort intéressant mêlant des triolets à du 4/4. On passe pas mal de temps à reviser l'appel de fin, car disons que Claudine Malard, la prof de danse africaine, est assez pointilleuse là-dessus, et pour cause, la danse, faut que ce soit du rythme bien fait!

Peu à peu, les danseuses font leur apparition. Pendant qu'elles s'étirent, nous peaufinons les rythmes, on s'amuse aussi avec quelques passes improvisées, puis la grande petite Claudine fait son entrée, toujours le sourire aux lèvres, et vient vers nous en nous remerciant d'être les musiciens de la soirée. Puis, elle lance un regard à Cheikh Anta, et c'est le signal pour une heure trente non stop de rythme et de danse. Les premières frappes de l'appel du yankadi se font entendre telle une mitraillette, et mes bras et mes mains planent, frappent et rebondissent sur mon tambour. Dès lors, je dois vraiment me concentrer sur ce que je fais, car le simple fait de relever la tête est une très importante source de distraction mettons, voir de jolies demoiselles en train de danser sur notre musique, il y a de quoi à en rendre jaloux n'importe qui ;-)

Nous n'avons pas été parfaits, c'est vrai, mais bon il y a eu certains moments où c'était la fusion parfait entre les danseurs et nous les musiciens. Tellement que je me surprenais à me déhancher un peu question de donner plus que de la simple musique aux danseurs, mais aussi une certaine dose d'énergie car Claudine est une véritable bombe d'énergie et garanti qu'après son cours vous serez en mode récupération pour un bon 24 heures supplémentaires! Et que dire d'avoir l'honneur de jouer en compagnie d'un vrai maître djembéfola tel que Cheikh! Il est tellement incroyable! En plein milieu d'une pièce, il se tourne vers moi et Truc, et il nous fait comprendre qu'il veut qu'on tourne en cercle avec lui! J'étais redevenu le temps d'une poignée de secondes le petit garçon de 5 ans qui s'amusait à tapocher sur des casseroles...

Jouer ainsi pendant une heure et demie amène bien sûr son lot de désagréments, soit celui de lutter contre la fatigue et la douleur. Car en effet, vers la fin du cours je commençais sérieusement à branler dans le manche, on aurait dit que j'avais une vis au travers de l'épaule. Sentant que je ralentissais, Cheikh s'est levé, s'est mis à côté de moi et m'a accompagné dans ma partie de rythme en m'encourageant. Ce fut un véritable coup de fouet, instantanément la douleur est disparue, et j'étais à nouveau en plein dans cet état de grâce de jeu.


Pour faire durer le plaisir, le cours de danse était suivi par le cours d'africain traditionnel, et ce fut franchement le meilleur cours à vie que j'ai eu à Samajam. Imaginez-vous être à la place d'un Sénégalais qui vient de découvrir ce qu'est le Québec et son peuple depuis le mois d'octobre, qui n'a jamais enseigné à d'autres gens que ceux de son pays et qui a enfin la chance de pouvoir s'amuser et enseigner à des "étrangers". C'est ce que Cheikh a vécu ce soir. Et autant lui que nous tous qui avons assister à son cours en ont profité chacune des minutes. J'ai découvert, en plus du très grand percussionniste qu'il est, que Cheikh est un homme d'une humilité et d'une générosité sans borne. Il nous a enseigné la magnifique chanson écrite par son cousin El Hadje. Et que de plaisir nous avons eu...

J'en suis quitte pour de bonnes enflûres aux mains en plus d'avoir une bonne couche de graisse de Karité sur les mains. Ce sont là les signes qui ne mentent pas sur l'intensité de cette soirée!

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