vendredi 19 janvier 2007

Piqûre espagnole

Le silence...Puis le son sourd des battements du coeur...Ah non, ce n'est pas ça, ce sont les pulsations sonores du boràn que François est en train de frapper. Poum....Pou-Poum....Poum. La grande danseuse Myriam Allard, au regard enflammé, s'avance doucement au milieu de la scène, sa demeure, sa place. Elle fixe l'auditoire et on jurerait que l'endroit prend en feu. Le coeur qui bat. La salle est pleine de gens et semble totalement vide en même temps, il n'y a aucun son, hormis les pulsations cardiaques du boràn. La danseuse lève ses longs bras sveltes, se met à courber le haut de son corps, et bientôt, le battement du coeur, le battement de la vie, se transforme avec l'ajout des claquements de doigts, sonores, de la danseuse, tel le crépitement de la flamme qui fait exploser les fibres du bois qui se consument. Et bientôt, l'explosion: CLAP!! Les pieds se mettent à claquer le sol, et la mélodie qui s'en dégage est identique au battement de coeur. S'en suit une escalade rythmique, lente au début, puis de plus en plus rapide. Les cordes embarquent, puis les palmas, et ça y est, nous avons devant les yeux une symphonie qui n'a aucune espèce de comparaison possible. De la beauté à l'état pure, à l'état brut. Le cajòn appuie les claquements des pieds et les rendent aussi puissants qu'une détonation de canon. La sueur perle sur le corps de la danseuse, qui harmonise sa respiration à celle du boràn, de la pulsation du coeur, de la pulsation de la vie.

Tel est comment j'ai vécu le spectacle de ce soir. J'ai pénétré dans un monde parallèle à notre train train quotidien. Disons que j'ai tombé en bas de ma chaise au figuré pas à peu près. Et je peux maintenant le dire sans gêne, j'ai la piqûre du flamenco. C'est une chose que d'être en classe en train d'apprendre les rythmes, c'est une toute autre affaire que de voir deux danseuses de flamenco avec le joueur de cajòn, deux guitaristes classiques, et le chanteur avec sa voix chaude et nasillarde. Quelle danse et quel art incroyable.

François était extraordinaire, on voit sa passion autant dans sa face que dans ses mains. Tantôt féroce, tantôt filet sonore, tantôt coup de poing, tantôt caresse au visage, son jeu est impeccable. Je peux dire la même chose des deux guitaristes, qui nous en on mis plein les oreilles avec leurs accords et leur jeux tellement mélodique. Le chanteur quant à lui était vraiment spécial, avec une voix qui semblait venir carrément de son coeur, au plus profond de lui-même, nasillarde...Et que dire des deux danseuses...Je n'en reviens pas encore. Il paraît que j'avais devant les yeux les deux meilleures danseuses de flamenco du Québec, soit Myriam Allard et Natasha Massicotte. Le mot est faible pour décrire à quel point elles ont le rythme dans le sang, et elles dégageaient tellement de sensualité et d'énergie que j'en étais sans voix.

OLÉ!!

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