Moi: Jé, attends, j'pense que ce serait mieux si on faisait un break entre chaque refrain, mais faut pas que ca dépasse le 2 barres sinon Annie sera pas en mesure de chanter au bon moment...
Jérôme: Ouais t'as raison, attends si on fait ça [passe de guitare classique sur 1 barre et demie]...
Moi: Hmm...attends [passe de darbouka sur 1 barre et demie]. Non ça marche pas vraiment, tu arrives une fraction de seconde plus loin, change le triolet en double-croche.
Jé: OK, je réessaie...[Nouvelle passe de guit et darbouka]. Super, là ça marche!
Annie: Bon les gars, je peux pas chanter aussi bas, faut essayer un ton plus haut.
Jé: Attends on refait ça 1 ton et demi plus haut voir.
Annie: [après avoir chanté 1 ton et demi plus aigü] Wow, là c'est beaucoup mieux!
Moi: Au fait, pour la toune de Dobacaracol, on devrait la faire en reggae pour décoller un peu de la simple interprétation. Ça fait trop calqué sinon je trouve.
Jé et Annie: Ah ben pourquoi pas?
Ce scénario (qui n'a aucune chance de passer pour un film) s'est produit ce soir à l'appart de Jérôme, excellent guitariste classique, coin Beaubien Saint-Denis, par une froide soirée hivernale. Nous avions une pratique de cédulée ce soir car oui, nous essayons de fabriquer un répertoire de quelques pièces que nous allons soumettre à un show organisé par l'Université de Montréal à la fin mars au Club Soda, selon les dernières informations que j'ai eues.
Donc nous avons joué et rejoué quelques pièces (que je vais volontairement tenir secrètes jusqu'à ce que je sache ce qu'il adviendra de tout ça, soyez patients hehe), en intercalant ici et là quelques pièces composées sur le tas. Que de musique. Jé commence le tout en grattant ses cordes, et moi je soutiens ses harmoniques en partant un rythme qui prend naissance en tapotant de mes doigts la coquille métallique de mon darbouka. Où vais-je chercher ça, j'en ai aucunement la moindre idée. Et c'est ça la magie de la musique.
Bientôt, mes tapotements sourds et à peine audibles se transforment en roulements doux sur la peau de plastique. Puis vient les premiers sons caractéristiques de mon tambour, soit le doum et le tak. Ces sons se succèdent les uns les autres pour former un beledi qui se métamorphose en malfouf puis en ayoub...Mes frappes s'entremêlent aux notes sortant de la caisse de résonance de la guitare classique de Jé, ainsi que des cordes vocales d'Annie qui utilise si bien son instrument à elle, sa voix.
Tout cela se fond en un Trialogue sans paroles, apaisant, dont le message vient nous réjouir le coeur, nous ensoleiller l'esprit, clôturant une autre semaine où, il est vrai, nous entendons souvent trop de paroles.